La Dame aux jambes d'azur d'Eugène Labiche au Studio de la Comédie Française jusqu'au 8 mars30/1/2015
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Quintessence d’humour britannique. Réglé comme un numéro des Frères Jacques. Interprété par quatre inénarrables complices. Au théâtre comme dans la vie, il est des soirées interminables où l’on rêve de son lit. Fort heureusement, il est aussi des soirées qu’on ne voudrait pas voir finir. Ici, le rire vous accompagnera tout au long du « Voyage avec ma tante » Retrouvée au cimetière à l’occasion de l’enterrement de sa mère, Henry Pulling, sage employé de banque à la retraite, sera entraîné dans les plus folles aventures par sa tante Augusta venue assister à la crémation de sa sœur. Augusta, parfaite illustration de la vieille dame « originale », indigne et délurée en dépit de son grand âge, a conservé intacte son attirance pour la gent masculine. Au prétexte de changer d’air et d’urgentes et juteuses affaires à régler, elle se lance, flanquée d’ Henry, à la recherche d’un certain Monsieur Visconti, inoubliable amour de sa jeunesse, au demeurant un personnage plutôt louche. Accompagnée d’Henry, ce vieux garçon casanier, elle partira vers les destinations les plus lointaines et improbables Depuis Bath où elle retrouve une vieille cartomancienne et son perroquet, jusque dans une demeure perdue au Venézuela, d’étapes en étapes ils s’arrêteront à Paris ou Istamboul, Rome ou Buenos Aires. Périple jalonné des rencontres rocambolesques, agents secrets, jeunes filles en fleur, voleur, générale allemande, faux évêques et, toujours sur leur route, l’imposant Woodworth, noir sculptural, amant de tante Augusta et trafiquant de drogue à ses heures perdues. Augusta, incorrigible aventurière, ne finit jamais de se divertir de ces épisodes souvent périlleux. Henry, aspirant à quelques repos se voit reprocher « d’être stabilisé depuis toujours » De rebondissements en péripéties, une fin charmante viendra clore ce récit extravagant. Claude Aufaure, Jean-Paul Bordes, Dominique Daguier et Pierre-Alain Leleu, prennent un plaisir visible à s’échanger entre eux les vingt rôles de la pièce. Virtuoses accomplis, chacun rivalise de fantaisie, de comique, passant d’un personnage à l’autre dans des registres aussi variés que différents, tour à tour, officiers turc ou chien loup, perroquet ou banquier britannique, voleur argentin ou jeune fille effarouchée. Dans la mise en scène, avec seulement quelques chaises ou couvre-chefs, on retrouve tout le talent de Nicolas Briançon qui signe ici un travail particulièrement vif, intelligent, pétillant d’un esprit respirant tout l’humour britannique de l’auteur. Pierre Yves Leprince est aussi à féliciter pour sa jolie scénographie : un « sleeping-car » peint en fond de décor, recelant quelques surprises. Graham Green a déclaré s’être beaucoup diverti en écrivant « Le voyage avec ma tante » Follement enlevé, merveilleusement joué et dirigé, ce spectacle nous enchante. Toute affaire cessante prenez votre billet pour « Le voyage » Foi de Lulu, vous ne pourrez plus jamais dire qu’on s’ennuie au théâtre. Absolue réussite
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