Facétieux, Puck versera le filtre sur Lisandre, entraînant chez chacun des personnages d’insensés renversements de leurs sentiments d’amour, entre drames, incompréhension totale ou passion insensée, la plus «incongrue» frappant Titania soudain prise de passion pour un âne, qu’elle nomme son Roi, de fait Bottom comédien d’une troupe venue répéter dans les sous-bois:
«La raison et l’amour se tiennent peu compagnie ensemble» ainsi que l’écrit l’auteur.
Querelles amoureuses, passion d’une reine pour un «animal» Shakespeare nous «enchante» dans un cadre bucolique et mystérieux de ces désordres et bouleversements «sylvestres».
Ces dernières années, Nicolas Briançon au théâtre de la Porte Saint Martin (Lulu de septembre 2011) puis Antoine Hertbez au théâtre 14, (Lulu de juin 2016) avaient donné l’un, une fidèle et agréable version, l’autre une vision d’un charme achevé.
Lulu n’a jamais apprécié le style «Demarcy-Mota», mais souhaitait «renouer» pour son premier spectacle dans la salle rénovée du Théâtre de la Ville.
Animée des meilleures intentions, les «incompatibilités» ont vite refait surface.
Aucun style chez Hermia, Sabrina Quazami, voix forcée, verbe haut, diction approximative, catastrophique Lysandre de Jackee Toto, à l’élocution si défaillante qu’elle en devient incompréhensible. Que dire de Puck plus proche du gnome Albérich de la Tétralogie que du lutin espiègle imaginé par le poète, (affreux costumes Fanny Brouste). Tristement conventionnel, le Démétrius de Jauris Casanova, a pour seul mérite de posséder une voix claire et distincte.
De la Titania de Valérie Dashwood je ne dirai rien; sa présence ne se remarque que par ses passages aériens, ou endormie sur le sol, sa traîne ouverte en éventail.
Philippe Demarle, Obéron, ne m’a rien apporté.
Quant aux répétitions des comédiens, (théâtre dans le théâtre) leur prestation est si datée, caricaturale, forcée, qu’aucun des effets comiques de leurs hésitations et discussions sur la pièce en répétition ne nous permet d’ esquisser un sourire.
Spectatrice scrupuleuse, Lulu a toujours fait preuve d’endurance dans les moments difficiles
Jamais elle n’abandonne le navire avant le fin du «naufrage». (Exception faite pour «Du Coté de Guermantes» Lulu de mai dernier).
Après les désastres du «Chapeau de paille d’Italie», le massacre d’«Andromaque» en fin d’année, assister une nouvelle fois à une trahison, c’en était trop.
Si dans la pièce l’amour rend aveugle, la cécité n’épargne pas davantage le metteur en scène.
Lasse des gesticulations injustifiées des interprètes, fatiguée de suivre péniblement un texte inaudible, désenchantée face cette foret aussi menaçante que dans Mac Beth, (décors de Natacha le Guen de Kerneizon),
Pis que tout, affligée du manque absolu de souffle poétique au profit d’un réalisme assassin,
excédée, Lulu a mis fin à ses souffrances:
Un Songe devenu cauchemar.