Dans le même veine j'avais loué précédemment, et recommandé, la plaisante fréquentation des beaux esprits pour la pièce de Jean-Claude Idée réunissant Montaigne et La Boétie : " Parce que c'était lui, parce que c'était moi ".
Poursuivre avec un échange entre Voltaire, libre esprit et Rousseau, le vertueux, me séduisait.
La pièce fut un succès à sa création il y a bientôt vingt cinq ans. Qualifiée d' " intemporelle " dans le programme, elle accuse bien son âge.
Mais là n'est pas son principal défaut.
Dialogue imaginaire entre nos deux philosophes ?
Des extraits de textes tout droit sortis du " Bordas ".
Une joute verbale savoureuse ?
Le recours à des grossièretés langagières de notre génération pour pimenter la sauce.
Anachronismes démagogiques dans un but de " proximité ".
Tout comme ce besoin de réalisme sonore pour les mixions pathologiques de Rousseau.
Les ficelles sont grosses, le jeu des acteurs pas davantage nuancé.
En dépit d'une volonté affichée et de louables efforts, Jean-Luc Moreau ne parvient pas à s'extraire de l' épaisse gangue boulevardière dont il se nourrit depuis trop longtemps.
Jean-Paul Faré, dénué de l'évidente acuité du citoyen de Ferney parait bonhomme, sinon caricatural quand, écharpe canari au cou, costume et chaussures blanches, juché à quatre pattes sur un socle, il nous déclame la tirade d'Hamlet pour clore la soirée.
A philosophie de boulevard, interprètes de boulevard.
La confusion des genres est consternante.
.