Très réussie également la scénographie aussi simple qu'évocatrice de Fanny Gamet. Un cercle de craie dessiné au sol et quelques accessoires suffisent à définir les différents lieux de l'action: prison, salle de conférence, cabaret etc.. les musiciens au fond du plateau, derrière eux des panneaux qui changent en fonction des scènes, parachèvent le décor.
Parfaitement maitrisés aussi les mouvements de foules, d'ensemble comme les scènes dans lesquelles se retrouvent les personnages principaux de ce drame, car il s'agit bien d'un drame.
Christian Schiaretti signe, incontestablement sa mise en scène la plus réussie de ces dernières années, sobre, efficace, intense, maîtrisée.
D'où nous vient alors cet arrière goût d'insatisfaction, d'incomplétude ?
Daniel Maximin a retravaillé le texte avec Christian Schiaretti. En serait-ce la cause?
Je ne saurais l'affirmer.
Seulement ,malgré l'interprétation magnifique, puisssante, de Marc Zinga en Lulumba, je n'ai pas ressenti la dimension véritablement shakespearienne de ce héros idéaliste, animé du seul désir de donner à son peuple liberté et dignité, trahi par ses proches, pour finir odieusement assassiné.
La tragédie de l'indépendance du Congo revit sous nos yeux, elle demeure tristement d'actualité dans la situation présente.
D'Aimé Césaire j'admire la langue baroque, torrentielle, imagée , exhalant les senteurs des tropiques, la violence des sentiments, la démesure des enjeux.
"La Tragédie du Roi Christophe" et le sublime "Cahier d'un retour au pays natal" en sont l'illustration .L'engagement politique de l'écrivain y est affirmé . Dans "Une Saison au Congo" il semble primer. C'est sans doute ce coté trop"didactique", militant, qui dessert la pièce .
Le spectacle dure deux heures quarante.
Un souffle poétique plus puissant nous aurait mieux entrainés au cœur des déchirements et des convulsions de cette nation nation pas encore apaisée.