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Une laborieuse Entreprise de Hanokh Levin, mise en scène de Myriam,Azencot, avec Yann Denecé, Luciana Velocci Silva et Cédric Revollon au Poche jusqu’au 29 novembre.

2/11/2015

1 Commentaire

 
​Entre enfer et tendresse.
L’enfer : la vie à deux
La tendresse : inattendue.

Noir, caricatural, impitoyable, dévastateur, l’humour corrosif et décapant  de Hanock Levin.
Au printemps dernier,  «  Schitz » monté par le flamand David Strosberg nous en a donné une version inoubliable ( Lulu de mars 2015).

Dans la petite salle du Poche est à l’affiche «  Une laborieuse entreprise » du même auteur.

Mêmes traits acérés, mêmes sarcasmes,
Mêmes violence verbale, même verdeur,
Mêmes êtres minables, même désespérance, 
Même rire vengeur, même comique de dérision.
Seulement ici : l’inattendue tendresse du dernier regard.

C’est l’histoire d’un couple usé par trente années de vie commune, 
Résumée dans une hallucinante scène de ménage,
Régie par les protagonistes,
Dans un déroulement parfaitement rôdé,  
Déballage de tous les griefs accumulés, de toutes les illusions perdues, de tous les rêves brisés, 
Sujets inépuisables, sources renouvelées de situations aussi pathétiques que comique.
L’auteur maitrise son sujet en fin stratège.
Les protagonistes se plient à la discipline avec bonheur,
Dans un décor terriblement kitsch de camping populaire. ( Céline Lyaudet)

Elle, Levina Popokh, chemise de nuit «  tue –l’amour », savates avachies, impressionnante chevelure rousse outrageusement bouclée pense entamer une nuit paisible dans la fraicheur du dehors.

Lui, Yona Popokh, cheveux clairsemés, mèches entortillées, visage lunaire barré d’une étrange moustache, en veste de pyjama synthétique, rentre bouteille à la main, visiblement aviné.
Et de s’exclamer à la seule vue de sa femme endormie :
 «  Qu’ai-je en commun avec ce tas de viande ? » 
Le ton est donné. 
Après avoir renversé brutalement Levina de son lit, au motif d’interrompre un rêve coupable de ski dans la fraicheur alpestre !, Yona et Levina s’affronteront sans merci dans un duel apocalyptique.

Lui annonce sa décision de partir justifiée par la soif  «  de beauté et de spiritualité ».  «  On ne peut pas bâtir sa vie sur un cul » lui assène-t-il.
«  Avec moi tu n’as parlé que des harengs » rétorque-t-elle.

A l’avalanche de reproches toujours délicats, souvent puisés dans le registre gastronomique «  tu me pèses sur l’estomac comme du poisson avarié » ou encore  «  En bref tu es périmée » ,
 elle s’accroche, recourant à tous les moyens,  victime, femme résignée, révoltée ou compréhensive, menaçant de suicide ou explosant de colère, bombardant le malheureux de divers projectiles, jusqu’à brandir le manche du parasol pour l’en transpercer.

La venue de Gounkel, un voisin esseulé, en quête de compagnie, insidieux et pathétique sous sa couverture, ressoudera le front disloqué.

Comparant le bonheur de la chaleur conjugale à sa vie :
 «  Un long tunnel obscur où je me suis trainé couinant comme un rat » 
Les époux Popokh n’auront de cesse de se débarrasser de l’opportun venu troubler leur différent.

Leviva parviendra à retenir Yona .
Cela n’empêchera pas la séparation de s’accomplir :
Yona, terrassé par une crise cardiaque laissera Leviva inconsolable.

Dénouement surprenant chez l’auteur, 
Reflet d’une infinie tendresse, d’une véritable compassion pour ses congénères.

Dans l’excellente adaptation de Laurence Sendrowicz, 
Une œuvre majeure de l’auteur israélien,
Abrupte et émouvante.
 
Servie par  Yann Denécé , un très subtil Popokh, Luciana Velocci Silva souvent une redoutable Leviva, et Cédric Revollon un Gounkel étrange et dérangeant.

Encore une soirée à inscrire sur vos agendas.
1 Commentaire
Jean-Pierre MICHEL link
2/11/2015 12:59:56 am

Un compte-rendu d'une grande érudition et d'une clairvoyance inouïe à notre époque.
Lulu ressuscite la critique théâtrale comme un genre littéraire à part entière.
Merci, " Belle Lulu ", de nous faire découvrir et partager tant de bonheurs !

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