Le précédent spectacle du Raoul Collectif, « Rumeurs et petits jours », Lulu de novembre 2016, est de ceux-là.
Dans un paroxysme de dérision, de caricature placide de toute prétention intellectuelle aussi verbeuse que vide, de stigmatisation par l’absurde des joutes oratoires boursoufflées, non sans rapport avec celles d’un Bory et Charensol dans « Le Masque et la Plume »,
Le Collectif nous avait enchantés avec cette pseudo dernière diffusion de leur émission de radio aussi loufoque que déjantée.
C’est peu dire de notre impatience après ces six années d’attente prolongées par le Covid.
C’est aussi peu dire de notre déception.
Malgré le fatras du décor: chaises en plastique vert, instruments de musique, bout d’étoffe suspendu, suspension branchue et griffue au-dessus du plateau d’où pend une corde,
Malgré quelques acrobaties, les morceaux de musique swing ou percussives,
Malgré l’apparition d’une chouette géante, d’un faux cheval de cirque, d’une danse flamenco exécutée par un homme avec la peau de cheval pour jupe,
Malgré la convocation de Don Quichotte, et d’Antigone,
Malgré leur désir ardent d’être emportés ailleurs loin de notre monde, louable vœu dont on ne saurait les blâmer,
Malgré leur engagement souligné par de nombreuses invectives dénonciatrices des abus des puissants, des injustices du temps, éructées par le chef de troupe,
Las, rien n’y fait,
Le discours reste primaire, prétentieux, boursoufflé, éculé.
Sa portée philosophico-gauchiste prêche au ras des pâquerettes avec prétentions poético-zénithales.
Foin de la dérision des « Rumeurs et petits jours »
A l’humour wallon précédemment délectable,
Succède la légendaire lourdeur belge.
Désolante métamorphose.
Les représentations se terminent.
Soyez sans regrets.
Lulu a souffert pour vous.
Ses humeurs à l’aune de sa rancœur
Sa désillusion à la mesure de son attente.