Je m'explique: ce qui fait toute la folie absurde du roi et créateur du vaudeville, avec son non moins époustouflant successeur Feydeau, c'est la logique implacable qui conduit avec un cartésianisme absolument français aux situations les plus folles, au burlesque d'avant le septième art, aux délires les plus insensés.
Giorgio Barberio Corsetti a, quant à lui, décidé de nous donner de ce "Chapeau" une version délibérément foutraque et déjantée, aux prétentions surréalistes avouées.
Musique tonitruante, couplets incompréhensibles, les airs de rock succèdent aux refrains pseudo slaves.
Vêtue de costumes aux couleurs criardes, années 70, la troupe se démène et s'agite en tout sens dans les décors improbables et très plastifiés du même metteur en scène.
Et tout ce qui constitue l'essence même du prétexte de cette pièce, les conventions bourgeoises de l'époque, ne fait plus sens.
Que dire des interprètes: là encore déception cuisante.
Pierre Niney, diablotin monté sur ressort, déploie une belle énergie saluée par l'ensemble de la critique au regard de son jeune âge, mais ne ressemble en rien à notre Fadinard, jeune rentier et fier de l'être
Christian Hecq, qui a lui seul a sauvé récemment "La critique de l'école des femmes" paraît ici en faire des tonnes sans résultat.
Seule, avec une grâce et une coquetterie sur lesquelles le temps n'a pas prise, Danièle Lebrun promène avec une maîtrise parfaite sa légendaire élégance naturelle et interprète à la perfection son rôle de mondaine parvenue en baronne de Champigny. Elle est le personnage de la soirée.
Après deux longues heures de cavalcades effrénées et de tintamarre assourdissant, la tête farcie et les tympans vrillés, on s'interroge et on supplie Monsieur Corsetti, dont le travail n'est pas dénué d'une certaine fantaisie, de chercher impérativement d'autres textes pour exercer ses talent.
Rien ne nous a été épargné, jusqu'au minable couvre-chef exhibé