Ne saurait être pire.
Effroyable, cette représentation confirme les craintes de Lulu.
Ayant assisté à toutes ses mises en scène depuis 2010,
Alain Françon nous a donné la preuve d’un travail pour le moins inégal.
Sans vous accabler de la longue liste des spectacles ici chroniqués, il suffit de se reporter aux deux derniers:
«La seconde surprise de l’Amour» de Marivaux, désolante trahison ( Lulu de décembre 2021)
Contrastant avec
«Avant la Retraite» de Thomas Bernhard, dans ce même théâtre, essentiellement grâce à la présence de Catherine Hiegel, (Lulu de Février 2022).
Déjà massacrée à la Comédie Française dans la mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti avec Pierre Niney en 2014, cette pièce du génial annonciateur du théâtre de l’absurde vient à nouveau de subir les derniers outrages.
Au rideau plissé en lamé or pour music-hall de province qui n’en finit pas de coulisser entre chaque acte,
La musique tonitruante en live comme à un concert de rock, Feu! Chatterton,
Des chorégraphies pseudo-modernes sottement mécaniques,
Une distribution pas même digne d’une soirée de patronage,
Ce pauvre Vincent Dedienne s’époumone, se démène, gesticule comme un beau diable.
Son Fadinard reste la seule interprétation vaguement supportable face à un beau-père nullissime, jouée par une grosse femme travestie, Anne Benoit, une mariée se livrant à de grotesques contorsions faussement provocantes, Suzanne de Baecque, des gens de maison, un garçon de courses, une modiste aussi pitoyables, sans même parler de la Baronne de Champigny incapable de jouer à la Dame du monde, Emmanuelle Bougerol, et son cousin exécutant force entrechats en...kilt, Alexandre Ruby.
Pitreries grossières,
Personnages dénués de toute authenticité à force de caricatures plaquées,
Décors,( Jacques Gabel), et costumes affreux ou sans objet( Marie La Rocca): pourquoi ces robes des années vingt, ce salon de maison de passe pour une aristocrate?
Conduisent à cet exploit atterrant: Rendre Labiche….ennuyeux.
Un désastre.
Pire, un massacre.
Lulu s’insurge, dénonce et condamne sans pitié ce «Chapeau de Paille»
Elle le ferait manger au coupable, Alain Françon.
Et pleure pour Labiche,
N’en déplaise à un public qui a payé fort cher ses places.