Poursuivant son travail sur Tchékhov, Christian Benedetti nous a encore réservé une soirée véritablement inoubliable, de celle dont on ressort transporté par la force irremplaçable du spectacle vivant.
De ma part nulle flatterie, moins encore d'idolâtrie.
Simplement le sentiment d'avoir vécu dans la pièce.
Comme enveloppée d'une incommensurable tristesse, submergée par la douleur des protagonistes: vies sacrifiées, idéaux perdus, amours impossibles, temps révolus.
Texte "boulé"( dans le jargon du métier signifie "dit à toute vitesse"), ponctué de silences si lourds de sens qu'ils en sont oppressants, costumes contemporains, décor minimal, confèrent au texte une acuité rarement égalée.
Toute l'urgence des situations y est contenue, leur désespoir criant.
Et quels interprètes étonnants pour incarner cette partition singulière.
Les femmes , Christine Brücher, Olga, Florence Janas, Macha, et Nina Rénaux, sont les trois sœurs ,Elsa Granat , Natalia, Isabelle Sadoyan, Anfissa .
Pour les hommes, Christian Benedetti est Verchinine, et Daniel Delabesse, Andreï.
Je vous dirai simplement qu'ils sont chacun parfaits dans leurs roles respectifs, une mention particulière pour Christine Brüchner, Florence Janas, et Christian Benedetti .
Le metteur en scène nous conduit à la quintessence des émotions.
Nous ne sommes pas épargnés.
Impossible de ravaler mes larmes en sortant.
Rarissime au théâtre.