Lulu vous rappelle de penser à regarder dans vos spams en cas de problème de réception. Un clic sur « autoriser » mettra aussitôt fin à ce dysfonctionnement indépendant de notre volonté et dont elle s’excuse auprès de fidèles lecteurs qui ont pris la peine de le lui signaler.
Lulu signale aux retardataires les reprises à ne pas manquer :
Lulu d’Or de la saison dernière, « L’Histoire du Soldat » de Ramuz et Stravinsky au théâtre de Poche. Chronique de juin 2017, un vrai bonheur théâtral et musical. Poétique, et luciférien, avec Claude Aufaure, Lucinio da Silva et Julien Alluguette.
« Fausse Note » de Didier Caron avec Christophe Malavoy et Tom Novembre au Théâtre Michel jusqu’au 31 mars. Face à face prenant. Chronique de novembre 2017.
« Le livre de Ma Mère » d’Albert Cohen avec Patrick Timsit au Théâtre de l’Atelier partir du 23 janvier. Merveilles d’émotions. Chronique de décembre 2017.
Et un nouveau spectacle du Théâtre du Rond-Point :
TOUTE MA VIE J’AI FAIT DES CHOSES que je ne savais pas faire de Remi de Vos, mise en scène de Christophe Rauck avec Juliette Plumecocq-Mech au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 4 Février.
Ne savent plus faire.
Découverte ante- Lulu dans ce même théâtre en 2006 avec « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » l’écriture grinçante de Remi de Vos l’a aussitôt emballée par son acidité déjantée, son traitement de la mort par l’absurde formidablement servie par les interprètes : Catherine Jacob et Micha Lescot.
« Madame »au Théâtre de l’Oeuvre en 2015, monologue avec Catherine Jacob toujours excellente, nous contait crument la « carrière » menée avec détermination par une pauvre fille devenue prostituée puis tenancière de maison close à travers les hoquets du siècle passé. Malgré ses qualités le récit nous paraissait déjà plus convenu.
Quant à Christophe Rauk, directeur du TGP de Saint-Denis, ses « Serments Indiscrets » de Marivaux nous avaient tellement enthousiasmés qu’ils lui valurent un LULU d’OR en 2012. Moins convaincante, en 2016, sa mise en scène de « Figaro Divorce ». Un accident de parcours ?
Il n’empêche. Le choix de « Toute Ma Vie » s’imposait naturellement pour débuter l’année.
L’évolution de l’écriture de Remi de Vos, les changements dans le travail de Christophe Rauk ont provoqué chez Lulu une de ses plus cuisantes désillusions.
Ayant établi ces dernières années une collaboration régulière au Théâtre du Nord à Lille-Tourcoing, ce monologue est le fruit d’un travail en commun.
Ecrit sous le choc des attentats de Charlie-Hebdo et de l’Hyper cacher, le texte parle de la violence gratuite de l’agresseur et de son déchainement, de la peur et de la terreur de la victime, de sa passivité délibérée dans l’espoir de désamorcer un conflit fictif, laissant insultes et provocations sans réponses longtemps jusqu’à… un dénouement terrible auquel se mêle la foule.
Sur scène, face contre terre, gît une silhouette massive, virile, inscrite dans son emprunte au sol dessinée à la craie comme après un meurtre.
Pour incarner l’homme terrassé, Juliette Plumecocq-Mech.
Jamais choquée par le travestissement, longue tradition théâtrale, une allusion à la théorie des genres a aussitôt échappé à Lulu…
Munie d’un micro pour cette minuscule salle Topor, couchée sur le plateau la plupart du temps, force reptations dorsales, ventrales, ou recroquevillée sur le côté en position fœtale, élocution particulière, passant de la lenteur la plus affectée à une émission torrentielle, la comédienne débite une logorrhée écrite sans paragraphe, cinquante minutes durant, pour nous décrire le fonctionnement du cerveau face à chacune des phases de l’agression.
Sous la défroque d’un pseudo-modernisme engagé, aussi ennuyeux qu’un interminable sermon moralisateur d’un clergé égaré dans son prêche, en dépit des efforts déployés par la comédienne, traitée bien sûr par son agresseur de « sale pédé », l’intensité du drame se perd.
Telles des ouailles lassées, l’attention s’égare, l’inconfort des banquettes se fait plus douloureux, l’appel à l’aide devient inaudible.
La déflagration finale sonne l’heure de la libération.
Pour ressentir l’horreur trois minutes peuvent suffire:
Restez chez vous et réécoutez Billy Holiday dans « Poplar Tree ». Votre sang se figera.
Ou peut-être Lulu n’a-t-elle rien compris…