Alléchée par l’affiche d’un spectacle prometteur d’une agréable soirée de comédie,
Lulu a très vite cédé au désenchantement bientôt suivi d’un pesant ennui.
Ambitieuse, la pièce de Clément Koch se prétend un hymne au théâtre.
Le dévoilement de ses coulisses sera prétexte à la révélation de la nature profonde des protagonistes.
Un habile «coup de théâtre», unique et très court moment d’émotion précède un «happy end» obligé.
Filandreuse démonstration prétendument à «‘l’anglo-saxonne», cependant cruellement dépourvue de cet humour corrosif, l’intrigue réunit dans un vieux loft new-yorkais quatre personnages cabossés par la vie:
Personnage principal, Mat ( Guillaume Le Tonquédec) un ancien acteur très célèbre devenu alcoolique invétéré. Il vit au dessus de Times -Square, ne joue plus depuis trois ans et dispense, suivant ses humeurs, quelques leçons de théâtre.
L’attend, Tyler, (Axel Auriant) un pauvre garçon atteint de bégaiement, gagnant tristement sa vie en se faisant photographier avec les touristes sous un déguisement de peluche
L’accompagne une serveuse, Sara ( Camille Aguilar) qui veut se préparer à une audition pour le rôle de Juliette.
Ils obtiennent non sans mal l’aide de Mat.
Un quatrième personnage interprété par Marc Fayet, se joindra plus tard au trio. Il s’agit du frère du comédien. Comptable de son état, cet être «falot» assure avec générosité et discrétion l’existence de son frère déchu.
A nouveau réunis, José Paul dirige Guillaume de Tonquédec.
Navrant résultat.
Si le décor d’Edouard Laug et les lumières de Laurent Bréal recréent avec le talent qu’on leur connaît, l’atmosphère new-yorkaise d’un loft,
face aux deux jeunes, justes, à Marc Fayet, toujours bien,
Le jeu de Guillaume le Tonquédec est une caricature d’interprétation sur jouée.
Omniprésent sur le plateau, il campe un être caractériel carburant au whisky qui nous accable de tous les exercices obligés du comédien:
interprétation:le bottin du Connecticut; tenue: l’effet facile de la mini-jupe de paillettes ; relation avec le public: «le cadre supérieur qu’il faut faire décoller». Interminable succession de saynètes qui se veulent ponctuées d’effets d’auteur, de bons mots, de provocations ou d’humiliations délibérées.
Souvent en présence du jeune garçon, ou du frère
La jeune fille, rebelle, prendra le dessus.
Fonctionnant telle une catharsis, cette initiation permettra à chacun de se libérer de ses blessures cachées. Ils seront enfin en mesure d’accomplir «l’acte d’être en phase avec les autres» comme l’écrit le metteur en scène dans sa note d’intention.
Porteuse d’un double message:
«Ode» aux comédiens, aux auteurs»
«Miracle» de l’interprétation qui fait se sentir «plus large»,
La pièce, pavée de bonnes intentions,
Cousue de fils blancs,
Truffée de «trucs» éculés,
Gratifiée du jeu forcé jusqu’à l’outrance du personnage principal,
S’avère juste une pénible bleuette pour midinettes.
Partie guillerette, animée des meilleures intentions,
Sa soirée perdue,
Lulu est rentrée maussade et maugréant.