A quelle démonstration se livre Peter Brook ?
Sur quelles voies tortueuses nous entraine-t-il ?
Son but : nous faire se rencontrer, sur scène, l’ordinaire et l’extraordinaire
En nous égarant à travers les méandres du cerveau.
Pour cela, il a choisi de nous faire partager les « expériences » particulières de divers protagonistes, dans leur travail ou face au corps médical.
Principal personnage, Samy Costas est douée d’une mémoire phénoménale, associant image et couleurs. Ce don exceptionnel lui vaudra de vivre la perte de son emploi, de devenir le sujet d’études poussées auprès de la faculté médusée avant de se retrouver vedette du Magic Show, et victime de son succès, d’implorer les médecins de la débarrasser de cette accumulation de souvenirs devenus par trop encombrants.
Kathryn Hunter, est cette étrange figure. Entourée par Marcello Magni et Pitcho Womba Konga, les trois comédiens interprètent à tour de rôle tous les autres intervenants : médecins, paralytique, peintre caché, impresario, magicien manchot.
De longs récits s’enchainent, verbeux, lassants, lors des consultations successives : analyses de maux divers, diagnostics improbables : « prioperception » ou « synesthésia », se répètent sans fin.
L’intermède du magicien, fort habile, ménage une pause très appréciée du public.
The Valley of Astonishment est tiré du grand poème persan « La Conférence des Oiseaux ».
Que ne l’avons-nous entendu en son entier ?
Le seul vers qui conclut la représentation, en anglais surtitré :
« Pay attention to the secret of a drop of rain »,
Mille fois plus évocateur que l’ensemble du texte de ce grand metteur en scène,
Comme la géniale Kathryn Hunter, infiniment plus intéressante dans Beckett (souvenez-vous, « Fragments » dans ce même théâtre en 2007-08), et ses excellents camarades qu’on aurait préférés aussi interprètes d’une pièce moins verbeuse, absconse.
Une soirée qui ne s’inscrira pas au firmament de son auteur.
On ne peut que lui exprimer nos regrets.