Salomé s’égare.
Conservant le souvenir d’une fine et plaisante comédie, Lulu se trouvait dans les meilleures dispositions pour découvrir la dernière pièce de Salomé Lelouch.
Lever de rideau prometteur dans le décor très réussi d’Emmanuelle Roy.
Dans l’obscurité nocturne, un Homme, Alban, et une femme, Julie, la quarantaine séduisante, décident d’acquérir sur un coup de tête la maison qu’ils regardent à la lumière de leur seule torche électrique, et, emportés par leur enthousiasme, décident de se marier dans la foulée après avoir juré «Sur la tête des enfants» qu’ils élèvent en commun, de ne pas se tromper pendant dix ans.
Neuf années onze mois plus tard, bien installés dans leur intérieur et leur profession, approche cette date fatidique. Libératoire, elle provoque une urgence d’adultère chez nos tourtereaux. Chacun forge son alibi.
Si la stratégie semble «fonctionner» les complications et les déceptions s’accumulent rapidement.
Lui, contraint par superstition, a changé la destination prévue, Nice, pour Lille. Déçue et rageuse, la Dulcinée longtemps convoitée, le quitte brutalement.
Elle, soit-disant à Marrakech avec une amie, a donné rendez-vous à un homme rencontré sur la toile. Face au «jeune»qui débarque, la gêne la saisit. Lui s’inquiète d’une possible «contamination» de maladie sexuellement transmissible.
Les rendez-vous galants tournent court. Les portes claquent. Les époux se retrouvent soupçonneux. Chacun s’accuse de mentir.
Un appel téléphonique interrompt la querelle, l’hôpital annonce à Julie l’accident de voiture de sa fille.
Passons les nouvelles disputes en salle d’attente. Enfin rassurée sur l’état de santé de sa fille, emportée par sa joie, Julie s’engage dans un nouveau serment. Elle jure ne plus faire l’amour pendant dix ans. Lui promet de donner la moitié de sa fortune à des organisations humanitaires.
Réconciliés mais pris au piège de leurs nouvelles promesses, ils chercheront une échappatoire. Elle débouchera, à l’inverse du début, par un divorce qui ne les empêchera pas de poursuivre une heureuse vie à deux…...
Mince, et fabriqué de toutes pièces, dialogues formatés et effets calculés, faussement dépoussiérée à l’aide d’expressions actuelles, la pièce n’échappera à aucun lieu commun de la comédie de boulevard du premier degré.
Salomé Lelouch tombe dans la facilité, le racolage assumé.
Dirigés par elle et Ludivine Chastenet, les interprètes, Marie Gillain, Julie, et Pascal Elbé, Alban, contraints de forcer en permanence la note, en font oublier leurs véritables qualités de comédiens.
Si prometteur, le gâchis d’un talent désole.
Pour Lulu, une soirée doublement affligeante.