Inconnue jusqu’en 1993,
On en croyait tous les manuscrits volontairement détruits par l’auteur.
Un exemplaire fut retrouvé dans le coffre de son éditeur Barbezat.
En « ouverture » la projection d’ « Un chant d’amour ».
Présenté comme particulièrement subversif et à la limite de la pornographie, tourné secrètement en 1950, avec l’aide d’Henri Langlois, (le fondateur de la cinémathèque) et de Jean Cocteau pour les extérieurs,
Le film décrit avec violence et crudité, sous l’œil d’un maton sadique, les jeux érotiques et solitaires entre deux prisonniers à travers le mur qui les sépare.
Célébration du désir homosexuel, à l’époque considérée comme une « déviance » le film fut interdit pendant vingt-cinq ans.
Corps dénudés, caresses brulantes, pratiques résultant de l’isolement carcéral y sont longuement montrées : on conçoit aisément aujourd’hui le scandale suscité dans les années cinquante- soixante lors de très rares projections organisées à Paris et New-York où la police dût intervenir.
« Splendid’s » s’impose aussitôt comme une « prolongation » logique.
Même atmosphère sépulcrale,
Même effluves sulfureuses,
Mêmes forces du désir
Même pulsions mortifères.
Baignés de lumières glauques,
Comme nageant milieu d’eaux fangeuses,
Prisonniers d’un décor verdâtres très réussi,
Retranchés au septième étage du « Splendid’s Hotel », dans un couloir en coude, devant les portes des chambres,
Sept « gangsters » sont encerclés par la police.
L’issue fatale ne fait pas de doute.
Sous les yeux d’un flic fasciné qui finira par les trahir,
Chacun se livrera à une ultime danse de mort
Instant suprême de dévoilement.
Sublimée par les lumières de Scott Zielinski et le décor de Riccardo Hernandez,
Rien à reprocher à la mise en scène d’Arthur Nauziciel :
Presque statiques, dans cet étrange couloir de la mort, les sept gangsters et le flic imaginés par Genet évoquent en tout point l’atmosphère des films noirs américains voulue par l’auteur,
Toujours ensorcelante, la voix de Jeanne Moreau, en récitante,
Etrange cependant la surprise de cette représentation :
La pièce est jouée en anglais-américain !
Souci particulier de réalisme supplémentaire ?
Peu importe
A condition de pouvoir suivre le texte.
Des surtitres illisibles depuis la deuxième moitié de la grande salle en ont fait fuir plus d’un.
A son grand regret,
Privée des trois-quarts des répliques,
Impossible de poursuivre,
Lulu ne peut que se perdre en conjectures.