Acteurs en mal d'inspiration.
Metteur en scène en proie au doute.
Place de l'auteur aujourd'hui.
Rôle des comédiens dans la société.
Voilà exposé le prologue.
Surgissent alors des personnages vivants: ils sont désespérément "en quête d'auteur" à même de transposer leur souffrance et leur drame personnel.
Et s'établit un jeu de miroir vertigineux, d'échanges, de renvois entre authenticité et transposition, du particulier au général, entre "réel et vrai" (je cite l'auteur), entre image et vérité, entre figé et évolution.
Qui appartient à qui?
Qui trahit qui?
Tourments de l'âme, affres de l'auteur, souffrance intransposable, Pirandello développe son texte jusqu'aux abîmes de l'être et du paraître, du vécu et du ressenti.
Torture de la création.
Quintessence de poésie.
Pirandello nous transporte au sommet.
Servi admirablement par Philippe Girard (Personnage du père) qui domine avec une rare présence une distribution dans l'ensemble honnête et homogène.
Stéphane Braunschweig a pris le parti de réécrire le prologue en en faisant une transposition contemporaine.
S'y ajoutent ses modifications dans les échanges entre "Acteurs" et "Personnages".
Initiative sans doute acceptable.
Résultat hélas mitigé.
Seuls ses "interludes" comme des "rêves" , assez bien vus, soudain animent un plateau désespérément vide.
On a connu Stéphane Braunschweig plus inspiré.
Peut mieux faire.
Pour s'en convaincre: l'apparition fulgurante de Pirandello avant le noir final.
Vibrant point d'orgue.
A vous couper le souffle.