Le Raoul Collectif nous fait découvrir de nouveaux talents.
Pour reconstituer un studio de radio d’un autre temps, une longue table, cinq chaises, cinq micros, une platine, une ampoule qui pend du plafond, au sol un improbable tableau d’électricité.
Cinq chroniqueurs post- soixante-huitards s’apprêtent à passer à l’antenne.
C’est l’annonce de la dernière d’ «Epigraphe ».
La direction a décidé de sa suppression,
A cette nouvelle, l’entente des animateurs vole en éclats.
Tous fins intellectuels passés maîtres dans l’art d’analyser sous les angles les plus profonds, de réfléchir aux hypothèses les plus diverses, voire opposées, d’envisager les conséquences les plus funestes ou porteuses d’espoir,
Ils s’empoignent aussitôt le premier sujet abordé : le texte envoyé par une auditrice traitant de la présence dans un petit pré, d’une vache et d’un cheval qui broutent en s’ignorant.
Formules pédantes, échanges virulents, polémiques « capitalo-marxistes », règlements de comptes métamorphosent ces beaux esprits grisés de mots en pugilistes de l’invective, jusqu’à la coupure d’antenne.
Après la pause musicale, et en dépit de burlesques incidents techniques répétés,
Avec un imperturbable sérieux, un engagement sans faille, une imagination féconde, ces cinq enchainent les autres sujets du programme, relevant tous d’autant d’absurdités prétentieuses, avant d’entonner en chœur, « Paloma » modulant scrupuleusement les moindres intonations de la célèbre romance.
Non sans références au « Le masque et la Plume » au temps des joutes oratoires Bory- Charensol, ou les schetches de Poiret- Serrault de la grande époque,
Nos wallons se surpassent dans cette satire foutraque et déjantée de ces beaux esprits « situationnistes », repus et grisés de leurs vaines arguties pontifiantes.
Au final, la présence de la vache et du cheval à la table des journalistes parait une évidence !
Légèrement resserré dans sa deuxième partie, le spectacle aurait encore gagné en charge caricaturale.
La parodie reste délectable :
Assister aux délires verbaux, rancoeurs, stigmatisations indignées de Robert, Jean-Michel, Charles, Jules et Jacques, d’un comique patenté,
Un spectacle dont on ressort ragaillardi, revigoré, euphorique.