Elle nous a toujours emportés dans des mondes multiples, mais jamais convenus, de Gombrowicz à Berkoff, de "Shirley" à "Rose", avec un art consommé allant de la provocation délibérée à l'émotion la plus bouleversante.
Son tempérament, sa vitalité débordante, sa curiosité, son engagement, sa sensualité ne font qu'un avec Rose.
Cette femme dont l'existence traversée par toutes les tourmentes du XXeme siècle aura survécu à de multiples épreuves: depuis son Shtetl d'origine jusqu'à la mort récente d'une enfant palestinienne tuée par son petit-fils installé dans une colonie en Israël, sans occulter l'anéantissement de sa famille, le ghetto de Varsovie où elle survécut dans les égouts, et ses successives émigrations d'après guerre.
Martin Sherman, l'auteur, nous avait davantage convaincu avec "Bent", pièce sur les triangles roses, absolument bouleversante.
Dans Rose, très vite son texte ne parvient plus à rendre à ce personnage inouï tout son relief ni le côté extraordinaire de cette destinée.
Mais l'exceptionnelle interprétation de Judith Magre nous réserve dans le bon décor de Patricia Rabourdin et sous la très juste direction de Thierry Harcourt, la démonstration, une fois encore, de son talent formidable de très grande comédienne.