La longue carrière de metteur en scène de Didier Long, actuel directeur du théâtre de l’Atelier, malgré quelques échecs (La folle de Chaillot en 2013, « Parole et Guérison » en 2009, « Youri » en 20011) est jalonnée d’inoubliables réussites : « La Vie devant Soi » en 2007, « Je Viens d’un Pays de Neige » en 2005 avec Myriam Boyer, plus avant encore, « Becket ou l’Honneur de Dieu »en 2000 avec le regretté Bernard Giraudeau ou « Le Gardien » avec Robert Hirsch en 2006.
Quant à Julien Alluguette, je l’avais découvert en 2011 aux côté de Judith Magre dans une curieuse pièce de Pierre Notte « L’Enfant et le Loup ». Doué vraiment, le jeune homme m’avait aussi impressionnée par sa beauté.
Ces arguments réunis nous laissaient augurer du meilleur pour un sujet qui n’en finit jamais de fasciner : la rencontre fulgurante, passionnelle, dévastatrice entre Verlaine et Rimbaud.
Las,
Aussitôt la fumée blanche submergeant salle et spectateurs dès l’arrivée de Rimbaud chez Verlaine, nous deviendrons témoins navrés d’un indigent mélodrame : l’impossible liaison d’un ménage à trois, ou les affres d’un mari alcoolique écartelé entre son innocente et pure épouse et un jeune amant aussi imprévisible que diabolique.
S’atteler à pareil sujet nécessite du « génie » comme il faut une forme de génie pour incarner les authentiques génies.
Tentation pour nombre d’auteurs, beaucoup s’y frottent, certains réussissent tel un Jean-Claude Brisville dont le prenant « Pascal-Descartes » a été joué dans ce même théâtre.
Dans ce « Rimbaud-Verlaine » la seule ressemblance physique de Julien Alluguette avec l’auteur des « Illuminations » est loin de suffire à faire revivre « l’Homme aux semelles de Vent », comme la composition de Didier Long reste bien conventionnelle.
Eclats de voix, invectives, crudités langagières, crudité d’ébats amoureux, trop tristement réalistes ne transcendent jamais, malgré de multiples allusions, le souffle créateur révolutionnaire qui traverse l’œuvre de nos deux poètes torturés, souffrants, incompris, lumineux, sulfureux, révoltés, transgressifs, admirables.
Relisez donc leur textes, c’est là que vous les retrouverez le plus surement tels qu’en eux-mêmes.