Pas de doute possible, entre ces deux amis « inséparables » la simple réflexion : « C’est bien ça », prononcée à l’encontre de H2 par H1, provoquera entre eux une explication dévastatrice, tel un révélateur de haines recuites, de rancoeurs accumulées, d’absolu mépris mutuel.
Culpabilités réciproques, incompréhensions répétées, jalousies, rivalités ainsi révélées au grand jour, à partir de » rien », une broutille, « Pour un Oui Pour un Non », font voler en éclats une amitié pourtant indéfectible.
Nicolas Vaude, H2, « l’offensé » d’une pâleur translucide, agité, ombrageux, nerfs à fleur de peaux, regard aux abois, cheveux en bataille défie de sa hargne H1, Nicolas Briançon, dont la placidité fera vite place à la contre-attaque virulente.
Incommunicabilité, refus de toute concession conduiront au constat désolé de chacun des protagonistes devant la situation sans pour autant éviter la rupture.
« Pour un Oui Pour Un Non » résumé lapidaire de la fragilité de nos sentiments.
Prenez garde, derrière la futilité du prétexte se tapissent des torrents de griefs insoupçonnés :
« C’est bien, ça ». Une étincelle suffit à réduire en cendres nos liens les plus forts.
En rendant le texte, passionnant, de Nathalie Sarraute aussi « évident » Léonie Simaga lui ôte tout mystère ;
Ainsi, accessible pour chacun, il en perd son âme : celle que Samy Frey et Jean-François Balmer avaient si bien su préserver, fidèle à l’esprit du « nouveau roman », celui de Nathalie Sarraute, maître de l’économie de mots et de formules elliptiques.