Les conséquences peuvent en être aussi dévastatrices que pour les héros cornéliens.
Mado, prof d’histoire un peu dans la lune, Rachel Arditi, et Alexandre, avocat, Thibault de Montalembert, découvrent qu’ils s’aiment très vite après s’être rencontrés.
L’intrigue démarre le avril 17 avril 2017, l’extrême droite est au second tour,
Le climat politique électrique.
Tout à leur passion, le couple se tient hors du débat.
Elle a toujours voté à gauche
Lui est investi au Front National.
La découverte des opinions de chacun,
Leurs inconciliables divergences politiques,
Le rôle de leur proche entourage,
Les conduiront à une impasse sans merci, fatale à leur union.
Formidablement bien croqués, vivants, touchants, crédibles, et tellement actuels, les personnages sortis de l’imagination de Salomé Lelouch nous tiennent en haleine sans jamais un fléchissement dans l’intrigue (petite réserve sur le passage « didactique » du diner de famille).
Réjouissante, vive, incisive, juste, sa plume fait rebondir les répliques telles des balles de ping-pong.
Jamais de côté larmoyant ni de grandiloquence.
Sans en altérer les enjeux dramatiques ;
Le texte conserve la cadence et l’allégresse d’une comédie très enlevée,
Les caractères attachants dans leurs contradictions, comiques dans leurs réparties, troublants dans leurs comportements.
Au diapason de l’écriture, une excellente distribution.
Physique à l’indéniable séduction, Thibaut de Montalembert, chevelure léonine, savamment en désordre, affiche une troublante sincérité dans les sentiments qu’il porte à Mado. Les dilemmes de la jeune femme n’en seront que plus cruels.
Rachel Arditi assume avec sensibilité, retenue et intensité le personnage de Mado, écartelée jusqu’au bout par cet amour impossible, en totale contradiction avec ses convictions et ses origines familiales.
Elle a une meilleures amie, Andréa, ouvertement « marxiste-révolutionnaire », fermement opposée à cette liaison. Ludivine de Chastenet lui confère une conviction inébranlable, une assurance définitive qui la pousseront à commettre peut-être l’irréparable.
Bertrand Combe est Louis. Fleuriste et inséparable d’Alexandre au parti, il n’entend pas perdre son ami au détriment de ses ambitions politiques. Dans son exposé de justification pour « la préférence nationale » concernant les fleurs françaises, le cynisme le dispute à la candeur. Difficile de faire plus « politiquement correct ».
Quand il tombe le masque, son naturel et son détachement restent confondants.
Témoin fortuit de ces évènements, Loulou, gérant de café. Dans ses vaines tentatives pour nouer des relations avec ses clients, le comédien Arnaud Pfeiffer dégage toute la force comique de ce malheureux, asservi à son établissement et toujours à contretemps.
Ajoutons que les éléments de comptoir déplacés à vue, et les deux suspensions éclairant la scène signés Natacha Markoff, donnent tout son relief à la mise en scène à la fois fluide et rythmée de l’auteur.
Talents réunis,
« Divertissement » rondement mené,
Dénouement sans appel :
A découvrir,
Une soirée d’actualité de qualité.