Les voix les plus autorisées ont enfin dénoncé avec la plus grande énergie l’inanité de ce spectacle.
Prévenue je l’étais de toutes parts,
Ma curiosité pas satisfaite pour autant,
Mes attentes « comblées » au de-là de tout.
La soirée, essentiellement placée sous le signe du sexe pur et dur, d’une tristesse rivalisant avec le sordide.
Ma proximité avec le plateau m’a surtout permis d’admirer au plus près la gracile silhouette d’Isabelle Huppert dans tous ses états.
Guère ménagée par son metteur en scène, Krysztrof Warlikowski,
Elle soulèvera ses jupes pour une sanglante masturbation,
Sera prise de vomissements incoercibles à l’avant-scène,
Se livrera à une furieuse fellation sur un Hyppolyte indifférent,
Et finira irrémédiablement par se pendre, dans la version Mouawad, au robinet du lavabo réceptacle de sa débâcle gastrique,
Puis à la douche du fond de scène, à l’aide de ses collants baissés avec une séduisante lenteur, pour la version Sarah Kane.
Ajoutons à ces gracieusetés empreintes de toute l’élégance du libertinage,
Un premier Hippolyte, Gaël Kamiindi, transformé en quadrupède, sorte de canidé revêtu d’une peau de singe,
Puis d’un second, Andrzej Chira, à l’accent polonais marqué, pour la version Sarah Kane,
Victime d’une oisiveté dévastatrice, enfermé dans sa chambre, à la recherche d’une chaussette dans laquelle il ne se serait pas mouché afin d’y glisser son sexe pour se « donner du plaisir ».
Cette succession de séduisants tableaux débute par une danse lascive, exécutée en slip et soutien-gorge de paillettes or sur une chanson d’Oum Kalhoum interprétée par Norah Krief , Oenone, aussi criarde qu’ordinaire.
Résonnant dans l’imposante et ruineuse scénographie ceinte de hauts murs, signée Malgorzata Szczesniak,
Avec cette chambre aux parois de verre, gigantesque dispositif escamotable, avançant sur le plateau et se rétractant dans le décor, qui nous permet d’assister en voyeur aux sordides ébats de Phèdre et Hippolyte,
Toutes les voix marquées par des accents fort divers,
Auxquelles s’ajoute une élocution hasardeuse,
Amplifiées par les micros et une sonorisation déformante,
contribuent sciemment à l’incompréhension de textes,
Aussi absconds qu’un discours de Diafoirus,
Et prétentieux qu’un sonnet de Trissotin.
Ni transgressif,
Ni subversif,
Egrenant à plaisir toutes les provocations éculées depuis des décennies,
Savant alliage de prétention et de pornographie, je cite : « métaphysique »,
D’où la « passion » brille par sa criante absence,
Cette soirée d’anthologie,
Caricature de la « création » théâtrale,
Destinée à « épater » l’ignard,
Et financée par nos deniers dépensés sans compter,
Se voit récompensée du plus beau des LULU DORT jamais attribué.
Mais avec la récente nomination de Mouajdi Mouawad à la direction de La Colline,
Le pire est à venir.