Hippolyte, physique de jeune boxeur à l'entrainement, torse nu, pantalon roulé au pubis, serviette autour du cou .
Thésée, voix cassée, a l'allure d'un vieux lutteur de foire, éructe son texte.
Voilà pour les rôles importants.
Coté décor, bordé par des gradins, un praticable central divise la salle en deux.
Les comédiens le plus souvent séparés par toute la longueur du plateau, idéal pour la déclaration d'amour de Phèdre à Hippolyte, ou, confinés à une extrémité de la scène, rendus invisibles aux spectateurs.
Des rôles secondaires émergent miraculeusement Théramène, dont le récit constitue l' unique moment d'émotion de toute la soirée.
Les quelques effets sonores, de lumières ( Jean Marc Skatchko) ou d'éléments du décor de Gilles Taschet, assez réussis( les couleurs beige rosé du mur de pierre d'un coté, le sol incarnat de l'autre) ne peuvent sauver cette représentation d'un échec patent.
Un Phèdre sans jamais ressentir les brulures de la passion.
Un Phèdre sans percevoir ni les affres ni les tourments qui dévorent les héros.
Un Phèdre sans que jamais la noblesse des cœurs et des âmes ne transparaisse.
Un Phèdre dénué du sens tragique, un Phèdre dont on n'entend pas même la beauté du vers racinien.
Pareil souffrance ne nous avait pas été infligée dans "Britannicus".
Ma chronique du 6/10/2012 n'était que louanges.
Je ne pouvais imaginer Jean-Louis Martinelli signant pareil "contre-exploit".
La déception le dispute à l'abattement.