Cruelle, je dirai : " Cette Phèdre: une patiente de Charcot à La Salpétrière ".
Elle les accumule les symptôme de l'hystérie la malheureuse:
Marchant en crabe, titubant comme ivre, se tordant bras et mains, glapissant moitié pâmée, mais outrageusement lascive aussi , esquissant d'engageants entrechats. Voix d'outre tombe ou vociférant telle une furie droit sortie de l'enfer, Cécile Garcia Fogel , cheveu ébène plaqués, lunettes noires robe haut fendue sur le devant assure avec constance les directives outrées de son metteur en scène. Soudain revenue à de plus juste mesure, son indéniable talent peut s'exprimer comme dans "Les Serments indiscrets"de Marivaux.
Pas davantage épargné le jeune Pierre-François Garel en Hippolyte: la rudesse supposée de son caractère doit-elle le contraindre à aboyer, voire hurler aux oreilles d'Aricie ( excellente Camille Cobbi ), sa déclaration d'amour alors qu'ils forment un duo sublime dans la scène du serment précédant leur séparation .
Rires du public pour saluer l'entrée de Thésée, crevant littéralement la surface du plateau dans sa cuirasse à tête de Minautore, cornes affutées ! Puis, revêtu d'un long manteau en peau de bêtes, vociférant tel un sauvage, il déchaine sa violence physique sur son fils .
Seuls les rôles des nourrices, Nada Stancar en Enone et Flore Lefebvre des Noëttes en Ismène, échappent à toutes ces outrances vocales et gestuelles qui réduisent, quand elle ne l'anéantisse pas, l'intensité des passions dévorantes contenue dans les vers de Racine.
Il suffit à Julien Roy d'entamer le récit de Théramène avec sobriété, profondeur et sens du tragique retenu pour que revive Racine... et le public.
Dans le décor d' Aurélie Thomas, mêlant en cascade armures de guerriers et carapaces de chevaux en une étonnante colonne coté jardin jouxtant une grandiose fresque de croupe de cheval , et sur le plateau, un espace découpé par différentes ouvertures dans les panneaux très Grand Siècle aux lourdes tentures et aux lustres de cristal à la lumières incertaine on espérait beaucoup.
Christophe Rauk , récipiendaire d'un " Lulu d'Or " la saison dernière pour ses "Serments indiscrets" de Marivaux, c'est, cette fois, tragiquement "égaré" dans Racine.
Il ne nous y avait pas préparé.
Impardonnable gâchis.
Christophe Rauck, récipiendaire d'un "Lulu d'Or" la saison dernière pour "Les Serments indiscrets" de Marivaux,