« Macbeth » mise en scène par Braunschweig à l’Odéon, (Lulu de février 2018),
Vitriol épuisé.
Attendu telle une rédemption,
Le « Périclès » du même auteur mis en scène par Duclan Donnellan.
Que nenni ;
Point de fin au cauchemar,
Nouvelle descente aux enfers.
Ce troisième assassinat consécutif a fini d’achever Lulu ;
Doublé d’une forme de trahison,
Plus vives encore désillusion et douleur.
Plus virulente sa colère.
Indigne, inqualifiable création,
Périclès signe la vertigineuse chute,
L’échec patent,
La perte, définitive ?,
D’un des deux plus grands metteurs en scène actuels,
Considéré depuis une décennie par Lulu à l’égal d’un Ivo van Hove,
Celui qui nous a donné à voir les spectacles les plus marquants, inoubliables, étourdissant de beauté, d’intelligence, de sobriété, de force,
« Macbeth » (2009) « Boris Godounov » en russe,(Lulu de novembre 2010)« Le conte d’Hiver »( février 2016) « Dommage qu’elle soit une P… »( mai 2010) le génial « Ubu »( février 2013)
Duclan Donnellan s’est enlisé, fourvoyé, compromis,
Dans cette accablante création,
Inqualifiable d’indigence.
Métaphores éculées, lieux communs affligeants, allégories rebattues,
Texte pillé, mutilé, saccagé, dénaturé,
Récit dont est bannie toute poésie,
Nous voilà une fois encore face au cadre obligé d’une chambre d’hôpital,
Pas de blanc aveuglant cette fois,
Le bleu criard de Nick Ormerod agresse de vulgarité réaliste.
Barbu, en tee-shirt blanc défraichi, pantalon de pyjama bouchonné, camisole de force si besoin, Périclès prince de Tyr git sur son lit médicalisé.
En bruit de fond, un lancinant reportage sur le sort des migrants
Du conte de Shakespeare tout empreint d’antiquité classique,
Il ne reste qu’une réduction minable en prosaïque histoire vue sous le prisme exclusivement clinique, réaliste, et ordinaire, d’un malade dépressif face à ses infirmiers et médecin, en blouse et sabots obligés, dont l’épouse, la fille et son fiancé viennent à son chevet s’enquérir de son état.
Fourmillant de Princes, chevaliers, tenancière de maison close, souteneur , tueurs à gages, pirates, la pièce de Shakespeare dans l’interprétation qu’en donne Donnellan, nous donne à voir ces mêmes comédiens, habillés d’affreux vêtements contemporains, devenir alternativement l’incarnation de ces épiques personnages.
Au basculement totalement raté,
S’ajoute un choix d’interprètes français( pardon pour eux) d’une médiocrité jamais vue auparavant dans aucun des spectacles du metteur en scène lui qui a su porter au sommet l’art de tous ses interprètes, anglais, russes, comme français d’Ubu.
Le supplice enduré,
La rage explose.
L’effroyable épidémie de transposition inepte n’aura pas épargné jusqu’au plus grand.
Duclan Donellan contaminé,
Foudroyé,
Shakespeare massacré, anéanti,
Désespérant constat.