Dès le premier texte si parfaitement scatologique avec "Les Propos torcheculatifs", sont magistralement écartées toute vulgarité et toute lourdeur
Et deux heures durant nous voilà fort réjouis, tout esbaudis, par un véritable festival de trouvailles, de poésie et d'imagination déployé par le remarquable Jean Bellorini, le metteur en scène qui signe aussi l'adaptation du Quart Livre avec Camille de la Guillonnière.
Notre géant de la littérature renaissance ne pouvait rêver plus belle et parfaite illustration.
Sous l'oeil attentif d'un docte sorbonnard (Camille de la Guillonnière) veillant à notre juste entendement des mots savants et des héros inconnus de notre olympe, nous suivons allègrement les aventures de nos chers Gargantua et Pantagruel.
Servis par une très jeune troupe extraordinaire de "comédiens-musiciens-ouvriers" de la Compagnie Air de Lune, les épisodes de la" dive bouteille", des" guerres picrocholiques," des" argonautes", ou les dilemnes du mariages et la substantifique moelle, se déroulent tous dans des tableaux follement poétiques, à l'aide de quelques accessoires simplissimes, tout droit sortis de l'inventaire de Prévert : vélos, cirés ou robe de mariée soudain descendus des cintres, rampes de lumières parallèles au-dessus du plateau lui-même transformé en pataugeoire, forment un décor étonnement ludique et totalement inattendu.
Plus qu'une surprise, ce spectacle est une révélation.
On en ressort merveilleusement rafraichi et comblé par ces retrouvailles rabelaisiennes.