Seule la présence de Judith Magre dans la pièce crée par Danièle Darrieux et reprise par Any Duperey a vaincu mes réticences.
Choix inattendu dans le parcours de l’interprète inoubliable de Gombrovicz, Thomas Bernhard, Steven Berkoff ou Copi.
La singularité et l’intelligence de son interprétation le justifie pleinement.
Composé à partir d’ingrédients à faire pleurer Margot dans les chaumières, cette « Dame Rose », dont le seul nom évoque sucreries et mièvrerie, fleurait le mélo à plein nez.
Je rends les armes.
La pièce entendue hier recèle d’indéniables qualités d’observation, de connaissance, et d’habileté teintée d’humour et de fantaisie pour aborder le plus tragique des sujets : la mort des enfants malades.
Pour accompagner Oscar, dix ans, dans les derniers jours de sa courte existence, une Mamie Rose, hors d’âge, saura par son originalité et son imagination fertile, apporter à « crane d’œuf » joie de vivre et apaisement durant les derniers douze jours de sa vie.
Avec Judith Magre aucun risque de pleurnicherie ou larmoiements.
Sa Mamie Rose est ancienne catcheuse.
Le combat, sa spécialité.
Prenant le contrepieds d’une douceur émolliente et d’apitoiements suaves,
Son apparente rudesse et sa surprenante autorité rendent plus poignants ses rapports avec Oscar.
Inattendue toujours, elle confère la même authenticité au personnage du petit garçon.
La lecture de ses lettres nous fait partager les mille aventures vécues dans l’univers de l’hôpital.
Le tragique côtoie le pittoresque,
La malice, le désespoir,
La tendresse, la cruauté des enfants.
Dans un très vilain décor beigeasse encombré d’objets aussi encombrants que superflus( Niels Zachariasen)
Judith Magre nous surprendra toujours.
Flamboyante dame rose,
Son Oscar vous serre le cœur,
Ses trésors de tendresse insoupçonnée bouleversent.
Un moment de rare émotion.