Sur mon programme, les éclaboussures de bière accompagnent la dédicace de Damian.
Depuis « Les estivants » de Gorki, jusqu’à « My dinner with André » en passant par « Mademoiselle Else » de Schnitzler, « l’Homme au crâne rasé » ou encore « Trahison » de Pinter, je n’aurai manqué aucun des spectacles des TG Stan ou des De Koe.
Mes chroniques vous engageaient à les découvrir.
Mon enthousiasme leur a attribué plusieurs « lulu d’Or ».
Qualifié de « production polyphonique » par Damian de Schrijver, « Onomatopée » ne saurait mieux correspondre à cette définition :
A la fois illustration de l’esprit « collectif » des cinq compagnies réunies pour l’occasion, le spectacle se déroule sur deux registres différents.
Fidèles à leur tradition, les comédiens sont déjà là pour « assister » à l’entrée du public.
Devant des tables déglinguées, assis sur des sièges improbables, cigarette éteinte entre les dents, vestes blanches maculées, pantalons d’un noir verdi, chaussures éculées, face à un cageot de menthe défraichie, cinq garçons de café entament la conversation.
Le ton est donné d’entrée de jeu : le burlesque immédiat, l’absurde évident.
Morceau de sucre écrasé sous le marteau, gestes amples du torchon crasseux, café servi dans de microscopiques tasses sur un plateau gondolé, jusqu’au paroxystique déroulement d’un câble électrique dans lequel tous s’empêtrent en un ballet délirant, animent des échanges sans aucun intérêt sur le café, le thé, ou le sucre.
Le ton pénétré, les obsessions, les considérations philosophiques de comptoir, les mines concentrées ou les moments de jovialité portent au zénith leur sens de la dérision.
Le tintamarre d’un concert assourdissant accompagnera la soudaine destruction du décor avec apparition d’animaux empaillés.
Le final aura lieu dans l’autre partie de la salle.
Annoncé comme « Le monologue idéal » mais qui » ne colle pas »
Chacun se livrera à un prodigieux solo d’onomatopées.
Damian de Schrijver y atteint des sommets de virtuosité inventive.
Sans véritable articulation, sans lien apparent entre les séquences,
La première partie de ce concerto théâtral iconoclaste, interprété par des comédiens tous aussi insensés que géniaux, n’en recèle pas moins des morceaux d’anthologie.