Comment imaginer pire trahison, pareil massacre.
Tenant pour une soirée d’anthologie «Fragments», courtes pièces du même auteur, mis en scène par Peter Brook avec les mêmes interprètes( et Jos Houben) dans cette même salle,
Lulu, becketienne convaincue ne pouvait manquer de si prometteurs «Beaux Jours».
Contrairement aux indications de l’auteur,
Peter Brook impose une lecture à la table: soit
Elle se fait en «Français».
Et rien ne va plus.
Incompréhensible dès la première ligne du texte, l’effroyable accent de Kathryn Hunter tourne au jeu de massacre.
Mots dénaturés, intonations déformées rendent l’écoute acrobatique, voire impossible.
Déjà privés de la plus grande partie du texte, nous fait face une Winnie sosie d’Harpo Marx.
Laide à frémir, sans plus rien de féminin, frisottis teints noir ébène, yeux écarquillés, gestes disgracieux, grimaces appuyées,
La comédienne nous inflige une caricature burlesque.
L’opposé du personnage.
Dans cette interprétation rien de coquet, d’enjoué, d’ émerveillé, de rêveur.
Disparu, gommé le «prétendu» bonheur de «vivre» du personnage.
Autre «trouvaille» de mise en scène.
La présence permanente de Willy, mari de Winnie.
Habituellement confiné au bas du plateau, dans un rôle presque muet.
Entre plaintes étouffées, déplacements pénibles,
le comédien Marcello Magni, module, avec une rare imagination, les seules didascalies notées par Beckett:
«Un temps long», «Un temps court».
Superflu. Lancinant.
Face à tel «massacre» de la part d’un metteur en scène comme Peter Brook,
L’incrédulité se métamorphose en colère sourde.
A l’opposé de «I Was waiting in my patio»
Toutes les reprises ne réservent pas les mêmes joies
Quand elles ne causent pas d’amères déceptions..