Avoir chacun brosser le portrait de femme singulière, toutes en proie à d'écrasants tourments.
Le manque d'amour constitue l'autre lien entre ces œuvres.
Yerma ne peut accepter d'être " Une femme de la montagne qui n'a pas d'enfants ... inutile comme un bouquet d'épines" et qui, à bout, déclare" chaque jour je désire plus et espère moins" jusqu'à son geste fatal.
Dans " Quatre minutes "seul l'amour de la musique a donné à Madame Krüger la force de survivre à l'exécution de son amie par la gestapo à la fin de la guerre.
Cet amour, elle le mettra tout entier au service d'une jeune révoltée, pianiste surdouée injustement emprisonnée pour un meurtre qu'elle n'a pas commis.
Après la représentation bien décevante de " Yerma " il y a quelques saisons au Vieux Colombier,le parti pris d'intemporalité affiché par Daniel San Pedro, le metteur en scène et interprète du mari, est loin de nous restituer ce texte aussi brulant que la terre d'Andalousie.
Si le décor en forme de parallélipipède évoque le poids étouffant des mœurs paysannes, les projections censées illustrer la fuite du temps, sont tristement indigentes.
Quant à l' interprétation d'Audrey Bonnet, tant par son physique que par son jeu, loin de convaincre, elle nous propose une Yerma qui ne parvient pas à nous émouvoir.
Pas davantage convaincante, le reste de la distribution, à l'exception de Stéphane Facco, est aussi sans relief.
Pas d'arrière-plan, pas de non-dits, dans " Quatre minutes". Réalisme de la mise en scène de Jean- luc Revol et des décors coulissants de Sophie Jacob.
Andrea Ferreol est une actrice que j'ai admirée il y a peu de temps encore en mère de la Callas. Elle nous a habitués à des interprétations marquantes. Difficile ici de se contenter de son jeu si convenu en Madame Krüger. On l' imagine tellement plus singulière.
Bien que déployant toute l'énergie de sa jeunesse, Pauline Leprince en Jenny, est très convenue.
Convenus encore Erik Deshors en gardien de prison et Laurent Spievogel, en Beau-Père de la jeune " virtuose- délinquante ".
La "surprise" provoquée par la révélation d'une " marginalité" inattendue chez la rigide Madame Krüger ne suffit pas à nourrir un texte sans réelle profondeur.
Après toutes ces pièces sur les hommes, une pièce sur les femmes s'impose.
Ce sage exercice répond aux dictats de la mode.