Flanquez la entre un paternel, ancien brigadier qui ponctue chacune de ses répliques de liaisons des plus extravagantes, et un amant charmant et joli garçon, pas vraiment rassuré à la perspective de la laisser seule pendant les 28 jours de sa période militaire.
Ajoutez le bon ami, contraint au mariage pour toucher un gros héritage que gère scrupuleusement un vieil oncle anversois à l'accent inimitable.
Terminez par quelques autres protagonistes tous aussi incongrus et vous avez réuni les personnages pour faire un bon Feydau.
Avec une Hélène Fougerolles (qui débute sur les planches avec beaucoup de panache), Amélie d'Avranches née Pochet, aussi mutine qu'espiègle, aussi piquante que gracieuse, un Serge Ridoux, l'oncle anversois; dont les gestes et les mimiques d'un naturel confondant, servent le texte à la perfection et déclenchent les rires de toute la salle, et ce vieux routard de Jacques Balutin, le père, l'auteur a les interprètes requis.
Stéphane Roux (l'amant) , Julia Duchaussoy (la femme du monde) et leurs camarades complètent justement cette distribution avec une mention spéciale pour Jean-Christophe Bouvet (le Prince de Palestrie) et Constance Chaperon, soubrette rudoyée mais constante.
Pierre Laville, le metteur en scène, semble aussi à l'aise avec Feydau qu'avec David Mamet (Race la saison dernière).
Il dirige sa troupe avec un authentique sens du texte dont chacune des répliques fait mouche, et témoigne d'un profond respect de l'oeuvre (en dépit d'une adaptation qui sacrifie un acte de la pièce) sur le fond comme dans la forme.
Le dosage est justement calculé, sans accélérations inutiles, sans relecture si prisée par d'aucuns, sans exagération aucune dans la caricature et les situations les plus loufoques et improbables qui caractérisent immanquablement notre génie de la "folie bourgeoise".
Bref la soirée est requinquante.
Nouvelle opportunité de rire sans rougir.
A saisir.