Dona Amalia, pour survivre et nourrir les siens, s'adonne à de petits trafics, au marché noir, en dépit d'une féroce concurrence et de la désaprobation de Gennaro, son époux, revenu de la guerre de 14 légèrement diminué.
Restée seule après la disparition de son mari, Dona Amalia, cupide insatiable, et dénuée d'état d'âme, se retrouve au moment de la libération de la ville par les américains, à la tête d'une importante entreprise , et vit dans une scandaleuse opulence, avec la complicité d'un maffieu notoire, amoureux éconduit.
Un soir de festin particulièrement somptueux, le retour de Gennaro vient boulverser la soirée.
Revenu de déportation , après avoir été fait prisonnier par les Allemands, à bout de forces après avoir enduré tant de souffrances et vu tant d'horreur à travers le pays dévasté, il dérange à l'évidence cette famille uniquement occupée de ses affaires véreuses, sourde et étrangère à sa douleur.
Très vite viendront s' ajouter à sa douleur de tristes réalités familiales: les compromissions de sa femme, la prostitution de sa fille, et les vols de son fils.
Il faudra qu'une maladie mortelle menace la vie de la petite dernière, aussi négligée par sa mère que les aînés, et la générosité du voisin pourtant méthodiquement ruiné par Dona Amalia, pour que l'humanité et la conscience ressurgissent chez tous ces personnages sans scrupules.
Et ce Père méprisé, considéré comme un benèt, en dépit de toutes les dérives et trahisons de sa famille, ne l'abandonnera pas .
Sa décision sera prise en connaissance de cause et en le faisant savoir aux siens.
Par sa très lucide et généreuse tolérance, il sera l'incarnation d'un espoir en l'humanité révélée sous son jour le plus méprisable.
Jamais montée en France , cette pièce d'Eduardo de Filipo a connu, depuis sa création en 1948, un immense succès et a été adaptée au cinéma et même à l'opéra.
Il était temps de la découvrir enfin.
Voilà bien le seul mérite de cette production .
Tous ces personnages hauts en couleur, au fort tempérament, à la truculence comparable à nos héros de Pagnol, sont ici bien trop falots
Quelle tristesse de voir Dona Amalia manquer à ce point de vraie "nature".Comment ne pas évoquer une Rosy Varte, récemment disparue, pour ce genre de rôle.Perrine Sonnet en est fort éloignée ,elle n'a ni l'âpreté ni la faconde du personnage.
Inexistant dans les deux premiers actes, sans couleur, Sacha Petronijevic arrive difficilement à nous restituer toute la dimension grandiose et pathétique à la fois, de ce mari et père bafoué, brisé dans sa chair et son coeur mais à la générosité incommensurable.
De même pour tous les autres protagonistes, petit peuple misérable mais si plein de vie: pas davantage de truculence chez eux, à l'exception de Cécile Descamps, la voisine , qui réveille une distribution bien terne dans son ensemble.
De plus les acteurs se perdent sur un plateau trop vaste pour figurer un "basso" napolitain, en dépit d'un beau décor d'Elodie Monet.
Personnages sans chair, on n'imagine pas la rage de survivre chez ces acteurs véritablement anémiés.
Anne Coutureau, la metteur en scène, n'aurait pas du pousser le réalisme à ce point.