Son sens du comique s’exerçait pleinement sur l’univers de ces bureaux «ouverts» où la cohabitation forcée réunit inévitablement une diversité d’acteurs et de situations potentiellement toutes prétextes à rire.
Composé essentiellement d’effets sonores et visuels, la parole réduite à la portion congrue, ce cocktail détonnant explosait littéralement.
Etudié et dédié spécialement pour son interprète qu’elle admire sans réserve, Mathilda May nous livre cette fois sa recette pour solo.
Pierre Richard en est le dédicataire.
Réunion aboutie des deux talents, ici se conjuguent burlesque et poésie.
Ainsi s’éveille Monsieur X, charmant vieillard esseulé dans sa chambrette décrépite. Au morne quotidien, succession d’actes immuables tristement répétitifs, existe une échappatoire: distrait, rêveur, maladroit, mais méticuleux et peintre amateur, le vieux monsieur traversera ainsi d’innombrables situations insolites.
Dès son lever, participant et intervenant dans chacune de ses activités élémentaires, Monsieur X voit s’animer les objets, les visions se succéder.
Surprises, étonnements, agacements ou joie béate viendront animer son existence, ponctuant sa journée d’innombrables incidents surprenants, dans lesquels trucages, musique, et projections participent avec grâce et légèreté: une brosse à dents vient s’ajouter aux branches d’un arbre en pot soigneusement arrosé, le tableau en cours d’exécution voit prendre vie la charmante créature portraiturée cependant émettrice de puissants ronflements durant la nuit; une tempête provoquera la montée des eaux jusqu’à sa fenêtre, un scaphandrier venant frapper soudain au carreau.
Les trouvailles se succèdent, je n’en dirai pas davantage vous laissant au plaisir de la découverte ponc
tuée par la musique originale d’Ibrahim Maalouf.
Juste amputé de quelques longueurs au final, le spectacle eût conservé intact son rythme.
Parfait, Pierre Richard évolue naturellement dans ce monde familier, cheveu en bataille, œil limpide, souriant à son sort tout en sachant se préserver des importuns,
déployant ses efforts pour charmer sa belle, lyrique et fougueux devant sa toile, encore résigné à l’écoute des gémissements évocateurs de voisins peu discrets.
Encore une soirée rafraîchissante que vous propose Lulu.
Comme une note légère, une mélodie douce,
Un bienfaisant spectacle qui s’ajoute à la liste d’une rentrée théâtrale déjà riche en bonheurs.
Et un motif supplémentaire pour retrouver le chemin des salles.