Nul n’en réchappe
Entrée au service de l’écrivain à l’âge de vingt deux ans après son mariage avec Odilon Albaret, cette femme tiendra un rôle exceptionnel au cours des dix dernières années de la vie de l’écrivain.
Née dans un lointain village de Lozère, d’origine bien modeste, elle saura vite découvrir et apprécier l’homme de génie si particulier qui sacrifiera sa vie à son œuvre comme elle lui consacrera sans limite, avec bonheur et dans la joie, ces années qui seront à jamais les plus belles de son existence.
Céleste possède ce don admirable: l’intelligence du coeur. Au- delà de ses tâches ordinaires, elle se révèle d’un dévouement absolu, s’adaptant avec bonheur à la vie de ce grand malade, voué à l’écriture de son œuvre jusqu’à lui sacrifier ses ultimes forces.
En elle Proust trouvera une aide précieuse, irremplaçable dans son travaiL Quel soulagement lui apportera l’idée des fameuses paperolles pour ses innombrables ajouts et corrections;
Quelle présence protectrice et bienveillante dans sa vie quotidienne d’«oiseau de nuit».
De ces liens si subtils d’entente parfaite, de compréhension, d’estime, et de bonté,
le spectacle ne rend qu’une image à la limite de la caricature.
En dépit de sa brillante ascendance, Céline Samie, joue sur l’outrance dans tous les registres, sonores, gestuels et expressifs, béate, minaudant, grimaçant, interprétant un Proust sucré ou à la voix d’ogre, une Céleste habitée d’une sotte béatitude, une évocation de Gide atteignant au ridicule.
Le livre m’avait comblée: tant de pudique émotion, tant d’attachement sincère, tant d’élégante discrétion, tant d’admiration profonde.
Curieuse de revivre ces années Proust, mes attentes trahies,
Je regrette d’avoir abîmé un si beau souvenir.