L’intervention de Galatée, sa sœur restée «fille», lui rend soudain la situation intenable.
Venue accompagné du jeune Dardenboeuf, elle soutient sa nièce bien décidée à la laisser épouser ce prétendant, les jeunes gens ne dissimulant point leur attirance réciproque.
Voilà nos bourgeois provinciaux lancés dans l’aventure par Labiche, roi du vaudeville, aussi considéré justement précurseur de l’absurde.
Cet auteur régulièrement repris sur scène, subit, comme bien d’autres, les traitements les plus divers.
Citons, entre autres, quelques inoubliables souvenirs:«Le Voyage de Monsieur Perrichon» à la Comédie Française avec Jean le Poulain, «Moi», toujours au Français, avec Jacques Seyres, encore «Doit-on le dire» avec Jean-Laurent Cochet.
A l’opposé, «Le plus heureux des trois» avec Arthur Jugnot à l’Hébertot, ( Lulu de septembre 2013), et pire encore «Le Chapeau de paille d’Italie», à la Comédie Française, avec Pierre Niney, dans la mise en scène à grands moyens et prétentions surréalistes assumées de Barberio Corsetti (Lulu de décembre 2012), illustrent en résumé tous les travers des mises en scènes par Lulu redoutées, désormais esquivés.
Confiante dans le talent de Daniel Mesguich, loué dans ses chroniques pour de précédents spectacles de grande qualité, «Pascal- Descartes» par exemple, négligeant la lecture de sa note d’intention pourtant évocatrice,
Voilà Lulu sanctionnée, prise au piège et contrainte, à regrets, d’avouer sa déception.
En l’absence de tout décor, l’ensemble des comédiens se livrent sans mesure ni retenue.
Vociférations, criailleries, contorsions incongrues, mimiques caricaturales versent dans l’excès permanent.
Amplifiant encore l’impression de note forcée, les ajouts divers, allusions contemporaines et mélange de comiques voulus par le metteur en scène «une déclinaison de l’humour des Monty Python, aux Marx Brothers, en passant par Louis de Funès et Buster Keaton».
En costumes d’époque, tous s‘époumonent, se démènent, s’agitent.
Frederic Cuif, la bonne Chiquette, prude vieille fille qui n’aspire qu’à devenir Rosière, devient inutilement un travesti; dardant ses prunelles, regards furieux et appuyés, la massive silhouette de Frédéric Souterelle campe un Vancouver dans l’exagération répétitive, long échalas, étriqué dans sa jaquette, Guano en Dudenboeuf nuance davantage. Quant aux dames, Alice Eulry en Isménie et Sophie Forte en tante Galathée ne font pas davantage dans la subtilité.
Daniel Mesguich se frotte pour la première fois à Labiche.
Responsable de la direction d’acteurs, il a opté pour l’outrance, grossissant le trait à plaisir, anéantissant le comique réduit à une vulgaire parodie mal ficelée, juste digne d’un travail d’amateur.
Qu’on me pardonne cette sévérité,
Qui trop embrasse mal étreint: cette malheureuse Isménie en est l’innocente victime, son «auteur» Eugène Labiche tristement desservi.