Hiegel Arditi au sommet
Chacun s'affirme :
Monsieur ouvre toujours le feu en statuant systématiquement:
"Moi je ne crois pas "
Madame réplique obligatoirement:
"Moi je crois".
Ainsi passent en revue les sujets les plus variés, du scatologique au métaphysique.
Ce couple vieillissant, gavé d'émissions de télévision, s'affronte avec une logique aussi absurde que délirante, de la meilleure veine grumbérienne.
L'auteur en oublierait presque ses obsessions habituelles (à l'exception du "Lobby" et de Madame qui ne se souvient plus du"nom allemand" de la maladie dont souffre Monsieur en évoquant son Alsheimer) pour nous donner en douze saynètes un tableau irrésistiblement comique et juste de la vie à deux au bout de quelques décennies.
Ses dialogues serrés au plus près, rythmés à la perfection, reflètent autant la sottise que la vacuité du quotidien.
Ils sont magistralement interprétés par Catherine Hiegel(enfin de retour sur scène) et Pierre Arditi.
Leurs tempérements respectifs se répondent à la perfection, inutile de vous dire que la salle apprécie et le manifeste.
On ne peut que féliciter aussi leur metteur en scène Charles Tordjman ainsi que Vincent Tordjman qui a réalisé un décor savamment épuré très intelligemment souligné par les lumières de Christian Pinaud.
Dans cet exercice d'admiration j'irai jusqu'à comparer les propos tenus par Monsieur et Madame au "Bêtisier" de Flaubert dans" Bouvard et Pécuchet" et sa mécanique si précise qui s'emballe follement à celle de Feydau.
Débrouillez-vous pour trouver des places d'ici au 24 mars je n'ai pas autant ri depuis Gaspard Proust, mais ici il s'agit vraiment de théâtre et tant pis pour les beaux esprits qui ne trouvent pas ce texte suffisamment "cérébral" à leur goût.