Tiré d’une nouvelle parue en 1987, Misery réunit avec efficacité suspens du thriller et évocations autobiographiques.
Gravement blessé dans un accident de voiture par un jour d’hiver, Paul Sheldon, écrivain populaire, se réveille en geignant dans une chambre de ferme isolée. Veille sur lui, celle qui l’a recueilli, une lectrice passionnée, sa « Fan Numéro Un » comme elle se qualifie elle-même.
Enfermé au prétexte d’être bloqués par la neige, l’écrivain qui vient de terminer un nouveau livre, comprend rapidement qu’il se retrouve prisonnier, entre les mains de cette femme débordante d’admiration à son égard, qui lui déclare :
« Vous êtes l’auteur à succès le plus grand du monde »
Puis, très vite Anne, rendue furieuse à la lecture du dernier livre de son idole, différent des précédents et émaillé de mots grossiers, va révéler sa véritable nature :
Tortionnaire et schizophrène.
A sa merci Paul va subir chantages, maltraitances ;
Entre les deux protagonistes, une lutte inégale s’instaure.
Paul tentera à plusieurs reprises d’échapper à sa géôlière,
Devenu sa proie, Anne, après avoir exigé la destruction de ce manuscrit ira jusqu’à mutiler sa victime pour le contraindre à faire resusciter « Misery » son héroïne-culte, que l’écrivain a fait mourir dans son dernier roman.
Pas question ici de vous dévoiler le dénouement.
L’aventure terrifiante doit conserver ses mystères.
Jouant avec une efficacité éprouvée sur les peurs des spectateurs,
Dans un découpage vif, et animé de vidéos bien composées par Paulo Correia
La mise en scène, les lumières de Daniel Benoin et la scénographie de Jean-Pierre Laporte
Viennent souligner s’il en était besoin l’excellence du jeu de Myriam Boyer et de Francis Lombrail.
Elle avec toutes les nuances qu’on lui connait, douce, insondable, redoutable dans sa fragilité et sa solitude, parvient à donner à son personnage une touchante authenticité en dépit de sa cruauté pathologique.
Lui, soumis et rebelle, dans toute sa rugosité
déploie sa farouche détermination pour survivre face à sa tortionnaire. Jamais vaincu vraiment, ruses et séduction à l’appui, il perd parfois mais peut aussi marquer des points.
Encore de la bel ouvrage.
Saluons la qualité de ce nouveau spectacle au théâtre Hébertot ;
Un divertissement qui fonctionne parfaitement auprès du public
Et un jeu des comédiens qui force l’admiration.