Inébranlables dans leurs convictions et leur engagement face à l’ennemi triomphant partout,
Bien des conflits ont cependant opposés Churchill et de Gaulle.
C’est au moment décisif du débarquement en Normandie que se déroule la pièce d’Hervé Bentégeat.
Fidèle aux faits historiques, cette évocation met face à face un de Gaulle intransigeant face aux exigences de Churchill qu’il juge inacceptables pour le chef de la France Libre.
Le grand aristocrate buveur, coléreux, considérant son hôte comme son obligé, le prenant pour « une graine de dictateur », se heurtera à un général intraitable, convaincu de la grandeur de son rôle, soupçonnant son « allié » de double jeu avec les américains.
Leur différent ira loin, très loin, frôlant la rupture.
Echanges verbaux souvent assassins, jugements sans appels, visions du futur opposées,
Aux débordements du vieux lion, répondent la froideur et la hauteur du général.
L’ambassadeur de France et Anthony Eden, ministre anglais des affaires étrangères, joueront en sous-main les éléments modérateurs, souvent à leurs dépens.
Si Pascal Racan incarne un de Gaulle impressionnant de présence, aussi convaincant dans son élocution que dans sa gestuelle confondante d’authenticité, il manque à Michel de Warzée « l’épaisseur » d’un Churchill, admirable bouledogue et véritable concentré d’aristocratie britannique.
Dans un décor bien vu Jean-Claude Idée signe aussi une mise en scène juste et sans surprise.
A revivre ces moments cruciaux, on en ressent l’intense gravité.
Avec ces héros à la dimension shakespearienne un souffle épique pourrait traverser le spectacle.
C’est davantage à un récit fidèle, linéaire, émaillé de traits acérés parfois comiques que nous assistons.
Il a su séduire le public,
Et a le mérite de rappeler des faits déterminants de notre histoire,
De rendre hommage à de grands personnages.