" Maman revient pauvre orphelin " . Le titre à lui seul évoque l'auteur, ses inguérissables meurtrissures, son incomparable sens comique pour les évoquer, son unique recours face au désespoir.
A soixante deux ans, comme retombé en enfance, voilà notre auteur soudain possédé par le seul désir de passer un dimanche heureux avec sa mère. De ce texte il déclare " se sentir au plus près de lui-même, au cœur de son inconscient ".
Premier tableau irrésistible : Marc Berman voix fluette et lasse, invisible à l'exception de sa tête tout juste perceptible dans un faible halo de lumière, nous brosse un portrait de " On " ( Grumberg), illustration grandiose de l'auto- dérision de l'écrivain.
La convocation et l'apparition du fantôme de Maman, " ressuscitée " à l''occasion d'une opération entre les visites de l'anesthésiste et de l'interne, n'atteignent pas au même degré de drôlerie. Dans ce rôle Guilaine Londez est moins convaincante que Marc-Henri Boisse, interprète de l'anesthésiste et de l'interne : ton patelin, faussement complice du patient, ou feinte admiration pour l'écrivain "vu à la télé", son air bonhomme face au désarroi du patient fait mouche.
Mais à la vérité, de pièce, nenni.
" Pleurnichard ", autobiographie de l'auteur, est la source de ces dialogues aussi pathétiques que risibles.
Trop courts pour justifier un spectacle, ces extraits nous condamnent à endurer d'interminables et tonitruants intermèdes sonores agrémentés des insupportables grincements d'un malheureux violoneux.
Grossier artifice.
Faute de souligner le texte, le stratagème ne fait qu'en souligner l'insuffisance.
Théâtralement à la portion congrue, nous savions pourtant révolue l'époque du rationnement