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Maman écrit et mis en scène par Samuel Benchetrit, avec Vanessa Paradis, Eric Elmosnino, Félix Moati et Gabor Rassov, au Théâtre Edouard VII.

15/11/2021

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Malentendus.
Au lever de rideau, une jeune femme ferme sa boutique de vêtements de grossesse. L’enseigne «Maman» brille en rouge dans la nuit. C’est l’hiver, pour se protéger du froid, elle porte un manteau de fourrure en attendant le taxi qui doit la ramener chez elle.
Passe un jeune homme. La prenant pour une prostituée, il repasse devant elle, l’aborde lui demandant sobrement:«Combien?».
Le malentendu dissipé, elle parvient à établir un dialogue.
Il se révèle être un enfant abandonné, un jeune homme à la dérive.
Elle évoquera d’étranges rencontres avec ses clients qui n’attendent pas toujours un «heureux évènement».
Des confidences dont on ne mesure la portée qu’après.

Dans cette première scène à risques, face à Félix Moati, Vanessa Paradis nous surprend. Plus que convaincante, voix agréable à l’oreille, fragile et délicate, elle fait montre d’une vraie présence, de beaucoup de grâce,de naturel, de sensibilité.

On attendra le deuxième tableau pour mieux saisir l’enjeu de cette rencontre fortuite:
Le souhait déroutant d’adopter l’homme de la rencontre proposé par la femme à son mari au cours de leur dîner.
A table, l’absurdité apparente de la proposition tourne au comique.
Brutalement sorti de sa torpeur, Eric Elmosnino, époux jusqu’alors plongé dans son magazine de voitures, avachi, hirsute, négligé, de soudainement se récrier, en toute logique:
«Adopter un homme qui prend ma femme pour une pute!»

Le désir d’enfant, voilà ainsi énoncé le sujet de la pièce,
Thème ô combien délicat.

Samuel Benchetrit parvient, avec souvent beaucoup d’humour, à créer l’inattendu des situations, l’imprévisible des réactions.
Evacuant tout pathos, évitant le piège de la psychologie de comptoir,
Exception faite de l’exposition du«drame» d’origine,
L’auteur n’en cerne pas moins avec finesse et acuité la solitude des êtres, leur vulnérabilité.
Derrière des répliques qui prêtent souvent à sourire, une certaine poésie affleure. Vanessa Paradis l’incarne.
Inutilement boulevardier parfois, Eric Elmosnino révèle ses véritables qualités revenu à la modération. En mari compréhensif, tolérant, à moitié consentant, on l’apprécie pleinement, complice involontaire entraîné dans une aventure qui semble le dépasser. Ses réticences, ses plaintes, son abnégation sont irrésistibles.
Pas moins déméritant, Félix Moati est bien le garçon perdu, sauvage, désenchanté qui ne croit plus en la vie.
Impossible de ne pas citer Gabor Rassov, parfait en costaud aussi en mal d’affection, Ses errances nocturnes le confronte à notre trio soudain devenu curieux quatuor.

L’intérêt de Lulu se portait essentiellement sur le nom de l’auteur, Samuel Benchetrit.
Sa précédente pièce, «Moins Deux», tragi-comédie sur la vieillesse, créée en 2005 par Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas, révélait une plume alerte, le sens du dialogue, un comique non dénué d’ironie.

Pour la première fois au théâtre, la présence de Vanessa Paradis ne pouvait que susciter curiosité et engouement de son large public venu applaudir la «vedette» du cinéma et de la chanson.

Voilà où le malentendu réside.
Comme au guignol, réagissant avec exagération tels des enfants en bas âge,
Étrangère aux nuances, indifférente à l’analyse des sentiments dévoilés par la pièce,
Convaincue d’assister à un vaudeville,
La salle comble retentit de gros rires le plus souvent injustifiés,
Effaçant ainsi la portée d’un texte non dépourvu de qualités.
D’aussi bruyantes manifestations répétées gâchent l’écoute,
L’humeur de Lulu aussi.
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