Aux compositeurs du Grand siècle : Marin Marais, Purcell, Michel Lambert, Jacques Champion de Charbonnières,
vient se joindre un contemporain, né en 1965 , Thiérry Pécou, auteur de l’ introduction, airs composés sur des poèmes d’Alix Cléo Roubaud photographe aussi disparue prématurément en 1983, et d’un étonnant « Miserere » scandé, lancinant, qui referme le spectacle.
Habillée avec une sobre élégance dans sa longue robe blanche fluide, Jeanne Zaepffel, soprano, interprète tous les airs d’une soirée où dialoguent XVIIe et XXIe siècles.
Omniprésente la musique , jouée exclusivement sur clavecin par Olivier Beaumont, ne laisse que peu de place au texte.
De l’oraison funèbre écrite par Bossuet pour les funérailles de « Madame », Henriette d’Angleterre première épouse de Monsieur, frère du Roi Soleil ,
ne « retentissent » que les premiers mots passés à la postérité.
Ils donnent cependant leur titre au spectacle :« Madame se meurt ».
Cette soudaine disparition, fauchant dans la fleur de l’âge, à vingt six ans, une princesse aimée de tous,
demeure à jamais mystérieuse .
Sur son existence rayonnante, cependant déjà éprouvée par l’exil, le deuil d’une mère et un mariage de façade, planent les redoutables intrigues de cour, les rivalités sans merci entre les favoris de Monsieur.
Reprise ici, la thèse de l’empoisonnement était déjà évoquée dans les écrits de ses contemporains : Madame de Lafayette et Saint-Simon.
Marcel Bozonet, traits saillants, profil beckettien, nez busqué, cheveu en brosse, hiératique, imposant, en est le lecteur.
Par sa voix solennelle résonne toute la gravité , la cruauté, l’universalité de la mort, comme la, fragilité de notre condition humaine.
« Vanitas, vanitatem, vanité des vanités , tout est vanité» martèle le prédicateur.
Las, ses interventions demeurent secondaires, Bossuet réduit à la portion congrue, Madame de Lafayette et Saint-Simon presque anecdotiques.
La musique, seule ou accompagnée de la voix de la soprano, occupent la majeure partie de la soirée.Les morceaux se suivent, se succèdent, s’étirent sans fin.
Cela peut séduire certains ;
Mais aussi décevoir d’autres plus attirés par la musicalité, le souffle, et les rythmes de l’Aigle de Meaux.
Il y a quelques années, magnifiquement interprétée par le même Marcel Bozonet,
Lulu s’était enflammée pour « La Princesse de Clèves » (Lulu de janvier 2014),
Puisant aux mêmes sources, mais agrémenté de ces additifs poétiques et sonores,
impossible de manifester pareil enthousiasme pour ce nouvel opus.
Un malentendu auquel Lulu eût préféré de pas être confrontée.
Si rares aujourd’hui les occasions d’entendre ces grands auteurs.