« Lulu » de Wedekind, ou »Je disparais » et « Rien de Moi » d’Arne Lygre »,
Et d’autres plus que médiocres, notamment ses Pirandello :
« Six Personnages en quête d’auteur », « Les Géants de la Montagnes »,
Ou encore, d’Ibsen, « Le Canard Sauvage » à La Colline,
Puis à l’Odéon le très décevant « Soudain l’Eté dernier » de Tennessee Williams , sans oublier « Britannicus » du Français nonobstant Dominique Blanc.
A l’incertitude s’est imposé le désastre.
Après « La Tempête » au Français, c’est au tour de « Macbeth » d’être « massacré » sur notre deuxième scène nationale.
La pièce a la réputation d’être maudite pour les metteurs en scène.
Il n’en était rien des versions précédentes d’Ariane Mnouchkine et Duclan Donnelan .
Deux interprétations à l’esthétique radicalement différentes,
Deux mises en scène aussi inspirées que shakespeariennes,
Deux drames dont les mystères et la poésie subliment et dépassent le coté sanguinolent.
Deux soirées animées d’un souffle magistral.
Modernité oblige, Fils d’une psychanalyste, Stéphane Braunschweig a choisi une interprétation freudienne des époux Macbeth illustrée par sa monumentale scénographie bi-frontale :
Hautes parois de carreaux blanc clinique pour l’inconscient, et grandiose décor de salle d’apparat richement ornée de dorures et fresque spectaculaire pour symbole de la face visible du pouvoir .
Parachevant la démonstration, un savant jeu de portes complète le dispositif : il permet de mieux pénétrer les âmes tourmentées et comme au grand guignol, laisse entrer les fantômes sanglants prenant place au banquet.
On se croyait chez Freud ?
Détrompez-vous.
Privée du moindre souffle poétique, épique, médiéval,
Entourés de tous les acteurs en costume de ville et uniformes contemporains, la soldatesque en mercenaire suréquipés,
Les Macbeth sortent tout droit d’une république bananière, vulgaires tyranos, minables potentats, viles satrapes.
Ni Adama Diop, allure de chanteur de » rythme and blues » dans ses costumes cintrés,
Ni l’incontournable Chloé Rejon, en Lady Macbeth rétrécie jusqu’à l’ordinaire,
Incapables encore de nous laisser entendre le texte,
Ne viennent compenser le reste d’une distribution remarquable par sa médiocrité.
Dans la nouvelle adaptation de Daniel Loyaza, l’introduction du Brexit et de la BCE viennent aussi renforcer l’actualité du propos.
Pitoyable représentation,
Indigne de Shakespeare,
Indécent pour une scène de cette envergure,
Ruineux pour le budget,
Ce deuxième assassinat consécutif du théâtre de Shakespeare sur nos plus grandes scènes,
Ont achevé Lulu.
Avant de succomber,
Fuir à l’entre-acte,
Seule issue possible.