Fidèle à une tradition établie depuis de nombreuses années,
Sans déroger à ses principes,
Libre de toute contrainte, dénuée de toute complaisance,
Lulu poursuit allègrement sa distribution de volées de bois vert et couronnes de lauriers.
Tartuffe de Molière mis en scène et interprété par Michel Fau, au Théâtre de La Porte Saint-Martin, pire encore que ce que l’on redoutait, calamiteux, grotesque, kitsch, un blasphème pour Molière. (Lulu d’octobre 2017)
à La Tempête de Shakespeare mise en scène par Robert Carsen à la Comédie Française, salle Richelieu, vidé de sa substance, cérébral, effets gratuits, trucs faciles. Lulu de janvier 2018)
au Macbeth de Shakespeare mise en scène de Stéphane Braunschweig au Théâtre de l’Odéon, minables assassins, tyrannos de république bananière, pétrifiant de nullité ( Lulu de février 2018)
à Périclès Prince de Tyr de Shakespeare mise en scène de Duclan Donellan à Sceaux, la pire des désillusions causée par un des plus grands metteurs en scène : un astre est mort ( Lulu de mars 2018)
à L’Eveil du Printemps de Winekin mise en scène de Clément Hervieu-Léger, à La Comédie Française : pièce rare et bouleversante réduite à néant. Assommant « Eveil ». (Lulu d’avril 2018)
Enfin à « Vera » avec Karin Viard au Théâtre de Paris. Un flop bien mérité, Karin Viard fourvoyée. LeThéâtre des Nuls. ( Lulu de mai 2018)
D’autres spectacles pouvaient prétendre à compléter cette liste.
Lulu s’est contentée d’en extraire les plus marquants.
Passons aux LULU d’OR.
Au théâtre, il est aussi fort heureusement, de merveilleuses soirées, ou des moments de rare émotion.
Distinguées par les LULUS d’OR, Lulu ne peut se réjouir quand ses choix coïncident avec le public et des reprise la saison suivante.
Par ordre chronologique, le premier LULU d’OR est attribué à
« La nostalgie des blattes » de Pierre Notte , mise en scène de l’auteur avec Catherine Hiégel et Tania Torrens, au Théâtre du Rond-Point, REPRISE au PETIT SAINT-MARTIN actuellement. Un sommet de l’interprétation pour une pièce noire, décapante, désopilante. (LULU DE SEPTEMBRE 2017)
« 12 Hommes en colère » à l’Hébertot, aussi repris dans le même théâtre actuellement. Spectacle grand public que l’on salue. De la bel ouvrage, sans aucune faiblesse, tension soutenue de bout en bout. Félicitations à Francis Lombrail pour son choix et son interprétation juste et forte. (Lulu d’octobre 2017)
« Fausse Note » de Didier Caron avec Christophe Malavoy et Tom Novembre au Théâtre Michel. Sans être révolutionnaire, à l’instar de « 12 Hommes en Colère » la pièce de Didier Caron vous tient de bout en bout. Christophe Malavoy joue d’infinis registres pour parvenir à confondre son interlocuteur. Prenant, poignant. ( Lulu de novembre 2017)
En novembre encore, un des plus beaux spectacles de la saison :
« Professeur Bernhardi » de Schnitzler mise en scène de Thomas Ostermeïer à Sceaux. Une œuvre magistrale, prémonitoire de l’horreur à venir portée par les comédiens de la Schhaubüne de Berlin dirigée par un Thomas Ostermeïer à son sommet. Un véritable grand moment de théâtre.
Certes moins spectaculaire et moins grandiose, LULU n’en pas moins apprécié « Françoise par Sagan », LULU d’OR, interprété par Caroline Loëb mise en scène par Axel Lutz au Petit Montparnasse, actuellement repris jusqu’au 11 novembre au Lucernaire. Sagan, Eternel enfant ne vivant que pour la satisfaction de ses désirs, son incurable mal-être pudiquement dissimulé, ses excès sans nombres merveilleusement interprétés par la comédienne confondante de ressemblance vous font découvrir, «sous la voilette » un être insoupçonné et terriblement attachant.
Seuls en scène toujours, deux autres spectacles nous ont bouleversés au plus profond de nous- même.
En décembre « Le Livre de ma Mère » d’après Albert Cohen avec Patrick Timsit à l’Atelier. Inoubliable passeur de cette œuvre universelle, Patrick Timsit seul en scène, nous fait partager le plus sincère et irremplaçable des attachements, l’amour maternel, l’irrémédiable souffrance de sa fin, avec le rire en prime. (Lulu de décembre 2017)
« Vous n’aurez pas ma haine » d’après l’ouvrage d’Antoine Leiris avec Raphaël Personnaz mis en scène par Benjamin Gaillard à l’Oeuvre restera gravé dans nos cœurs. Sans morbidité, dénué de toute agressivité, Raphaël Personnaz, impressionnant de sobriété et d’authenticité, incarne Antoine, vie « explosée » après l’assassinat de sa jeune femme au Bataclan, demeuré seul avec son petit garçon de dix-huit mois. A son écoute, la gorge se noue, les larmes se refoulent à grand-peine, l’émotion vous submerge. Un théâtre au plus près de la tragédie sans haine ni pathos, déchirant simplement.
Un LULU d’OR pour la qualité d’un spectacle plus « difficile » mais non moins fort « Probablement les Bahamas » de Martin Crimp mise en scène d’Anne Marie Lazarini, avec Catherine Salviat, Jacques Bondou à l’Artistic Athévain. L’écriture de l’auteur britannique, l’interprétation des comédiens et la mise en scène de la pièce portent ce texte, en distillent à souhait son doucereux poison. (Lulu de novembre 2017).
Deuxième spectacle grandiose de la saison, un LULU d’OR avec mention spéciale couronne le « Peer Gynt » d’Henrik Ibsen, mis en scène par Irina Brook aux Bouffes du Nord. Une version moderne d’une rare intelligence, une version « rock » au service de l’oeuvre à l’opposé de toutes ces relectures qui ne sont qu’autocélébrations narcissiques de metteur en scène mégalomanes. Ingvar Sigurdsson et Shantala Shivalingappa, forment un couple fascinant. La magie opère, la poésie intacte. Soirée prégnante pour un texte sublime. (Lulu de février 2018).
Après la magie la féérie se voit récompensée.
LULU d’OR décerné à « L’oiseau Vert » de Carlo Gozzi dans la scénographie, la mise en scène et les costumes de Laurent Pelly au théâtre de la Porte Saint-Martin. Sortilèges, apparitions, esprits protecteurs, vieille reine maléfique animent ce conte, véritable bain de fraicheur avec ses décors, ses costumes et ces merveilles d’effets scéniques. (Lulu de juin 2018)
Le théâtre reposant sur le jeu des acteurs, impossible de ne pas distinguer les grandes interprétations de la saison.
A Christine Murillo un LULU d’OR sa Dorine d’anthologie dans le lamentable Tartuffe monté et joué par Michel Fau. Un talent éclatant au milieu d’une distribution en dessous de la nullité.
A Philippe Torreton son LULU d’OR pour son interprétation dans « Blue Bird » de Simon Stephen au Rond-Point. Son personnage de chauffeur de taxi solitaire, indifférent, déversoir des confidences de ses passagers révèle peu à peu son humanité derrière son propre drame nous a bouleversés. (Lulu de février 2018).
Chez les hommes toujours, la folle énergie, la fantaisie débridée, l’allègre vigueur du Scapin de Benjamin Lavernhe lui vaut un LULU d’OR pleinement justifié dans « Les Fourberies de Scapin » de Molière, la Comédie Française. Tambour battant, sur un rythme effréné, il déploie ses ruses, tend ses pièges, exécute ses vilains tours sans mollir jusqu’à sa fin pitoyable. Etourdissant. ( Lulu de février 2018)
Enfin, cette fois encore, impossible de ne pas distinguer avec un LULU d’OR la soirée étonnante des TG STAN dans « Quoi Maintenant ».
Jolente de Keersmaeker, Damian de Schrijver, Frank Vercruyssen confèrent au texte comico-métaphysique « Dors mon petit enfant » de Jon Fosse, auteur elliptique s’il en est, une proximité exceptionnelle.
Ils déploient le même talent pour incarner de façon irrésistible toute la charge caricaturale contenue dans « Stük » de Marius von Mayenburg.
Du grand art, une fois encore bravo à ces comédiens singuliers, au talent singulier depuis longtemps admirés de Lulu. ( Lulu de février 2018).
Un dernier LULU d’OR pour « Les Cinq Coups de l’Oulipo » au théâtre du Rond-Point. Spectacle plus confidentiel, mais délectable illustration de l’esprit perpétué par les héritiers de Raymond Queneau et Georges Perrec. Précieuse rareté.
Salut à la jeunesse avec ce LULU d’OR pour Arthur Fenwick dans le Lauréat au Théâtre Montparnasse. C’est avec une aisance et un talent déconcertant qu’il incarne le rôle de l’adolescent séduit par une femme mure.
Enfin un dernier LULU d’OR pour Judith Magre qui a magistralement conclu la saison avec Une Actrice de Philippe Minyana au Théâtre de Poche, repris actuellement. A ne pas manquer si vous étiez déjà partis sur les routes des vacances. Dans cette pièce en miroir l’immense interprète nous livre une nouvelle et éblouissante démonstration éblouissante.
Que cette avalanche de récompenses vous persuade des bonheurs du théâtre.