D’une saison passée largement amputée,
Découragement, apathie, lassitude surmontées,
voilà le moment venu de distribuer les LULUS.
S ‘abattent les LULU DORT sur :
«Orlando» d’après Virginia Woolf. En dépit de l’aura, sinon du culte qu’entourent le metteur en scène Katie Mitchell et la Shaubûhne de Berlin, invitée à l’Odéon. Une imposture théâtrale, un film raté.
Lulu de septembre 2019.
Un deuxième LULU DORT sanctionne «Madame se meurt, Madame est morte» donnée au Théâtre de Poche. Marcel Bozonet signe et interprète ce spectacle au titre trompeur. D’interminables mélopées soporifiques réduisent à la portion congrue l’admirable prose de l’Aigle de Meaux. Une cuisante déception après «La Princesse de Clèves» mise en scène et adaptée par le même Marcel Bozonet.
Lulu d’octobre 2019.
Autre classique lamentablement «modernisé» LULU DORT d’office, à «L’Heureux Stratagème» de Marivaux, au Théâtre Edouard VII, mis en scène, plutôt vidé de sa substance par Ladislas Chollat, stakhanoviste du théâtre, avec Sylvie Testud décevante malgré elle.
Lulu de novembre 2019.
A vous faire définitivement renoncer à la pratique, deux autre soirées du théâtre public n’échapperont pas aux LULUS DORT:
«Les Mille et Une Nuits» à l’Odéon, mises en scène par Guillaume Vincent dont rien ne subsiste des débuts si prometteurs( Tombe la Nuit). Lulu de novembre 2019, et
«Le Début de l’A» de Pascal Rambert qui inaugurait la nouvelle direction, (hasardeuse), du Théâtre 14. L’auteur bénéficie d’un indéfectible soutien de la profession. Le public, dont je fais partie, s’interroge entre deux bâillements, à chacune de ses créations.
Lulu de janvier 2020.
Un dernier LULU DORT à «Mon Isménie» de Labiche, au théâtre de Poche.
Comment pardonner pareille nullité caricaturale, à Daniel Mesguich, homme de théâtre chevronné.
Lulu de janvier 2020.
Ne nous échauffons plus la bile,
Passons aux bonheurs offerts par de très nombreux spectacles pleinement réussis.
Pour une fois, en accord avec Les Molières,
Des LULUS D’OR en casdades sur «La Mouche», génial spectacle des Bouffes du Nord, conçu par le prodigieux Christian Hecq et sa complice de toujours, Valérie Lesort. Avec Christine Murillo à leurs côtés, le rire dans la loufoquerie la plus débridée règne sans partage tout au long de cette inoubliable soirée.
Lulu de janvier 2020.
Une autre soirée de grande beauté et d’une délicatesse d‘analyse et d’interprétation totalement abouties mérite encore une pluie de LULU D’OR: « Une dernière Soirée de Carnaval» de Goldoni, mise en scène par Clément Hervieu -Léger.
Lulu de novembre 2019.
Un succès pleinement justifié, un LULU d’OR qui s’impose naturellement, à «La Promesse de l’Aube» de Romain Gary, par Stéphane Freiss, au Théâtre de Poche. Si forte la proximité de l’interprète avec le texte, qu’à son écoute rivalisent, ininterrompus, rires et larmes.
Une heureuse reprise de la rentrée.
Lulu de janvier 2020.
Tiago Rodriguez, déjà LULU d’OR pour ses «Sonnets de Shakespeare», mérite pour sa «réinterprétation» saisissante d’Anna Karénine, un nouveau LULU d’Or avec « The way she dies» au Théâtre Bastille, haut lieu parisien de rencontres et découvertes des compagnies et metteurs en scène des plus talentueux et novateurs.
Lulu de septembre 2019.
LULU d’OR encore à la jeune troupe formidable dirigée par Anthony Magnier pour son Feydau qui nous a véritablement conquis, un «Dindon», rôti à point, savoureux à souhait, tout à la fois moderne et fidèle à l’auteur. Un spectacle réjouissant et enlevé, vu au Théâtre Dejazet.
Lulu de novembre 2019.
Un dernier LULU d’OR vient récompenser Benjamin Lazar admiré sans réserve pour chacune de ses créations depuis «Les Etats de la Lune» de Cyrano de Bergerac( oui, l’auteur).
Sa dernière mise en scène s’attaque à un texte baroque, sulfureux: «Le Chant de Maldoror» de Lautréamont, poésie-prose incandescente, onirique et terrifiante à la théâtralité cependant discutable.
Ce LULU d’OR récompense l’initiative pour son courage, son audace, son exigence, trop rares qualités en ce monde.
Lulu d’octobre 2019.
Pour leurs interprétations magistrales, sont élevés au grade de Lulu d’Or les comédiens suivants:
Niels Arestrup en Rothko, peintre révulsé par le marché de l’art, dans «Rouge» au Théâtre Montparnasse. Lulu d’octobre 2019.
et Pierre Richard dans Monsieur X de Mathilda May, rôle muet d’un personnage poétique et improbable, au Théâtre de l’Atelier.
Lulu de janvier 2020.
Léonor Confino se voit attribuer en tant qu’auteur, un Lulu d’OR pour «Les Beaux» pièce contemporaine, tableau incisif de notre société, au Théâtre de Petit Saint Martin.
Lulu d’octobre 2019.
Volées de bois vert, couronnes de lauriers,
Parfaites illustrations de l’aventure théâtrale, foisonnante, diverse, aléatoire,source de joies, ou de déconvenues:
Pour le dixième anniversaire de ses chroniques,
Lulu abattue, pas encore vaincue.