Contemporain de Goldoni, auteur de « l’Amour des Trois Oranges », Carlo Gozzi s’est inspiré de vieux recueils de contes populaires pour écrire ses nombreuses pièces de théâtre.
La reprise à Paris du spectacle de Laurent Pelly créé au théâtre national de Toulouse, s’imposait.
Elle nous réserve une soirée merveilleuse, sous le signe de la féérie,
De renouer avec l’émerveillement de l’enfance,
Et de rire d’une satire n’épargnant ni philosophes, ni faux rimailleurs, ni riches, ni puissants.
Nous voilà au royaume de l’atroce reine Tartaglia, incroyable Marilù Marini en vieille sorcière aussi comique que terrifiante.
Dix-huit ans plus tôt, son fils le roi Tartaglia parti à la guerre,
Elle ordonne à son ministre Pantalone, merveilleux Edddy Letexier en culottes bouffantes et cheveux ébouriffés, de noyer les jumeaux de l’épouse du roi, Ninetta , Fabienne Racaboy, enterrée vivante sous un évier.
Sauvés par un couple de charcutiers, inénarrables Nanou Garcia et Georges Bigot à la verve et la truculence toute napolitaine, les enfants devenus grands, Jeanne Piponnier et Thomas Condemine, convaincants tous deux, pétris de philosophie, ingrats envers leurs bienfaiteurs, seront soumis à bien des épreuves avant de connaitre leur ascendance royale.
Sortilèges de l’oracle Brighella,, Pierre Aussedat en vieux poète intrigant,
Apparitions de l’Oiseau Vert, Olivier Augrond habile manipulateur, esprit protecteur qui a gardé en vie Ninetta,
Miracle de statues parlantes et prenant vie,
Pommes qui chantent et eau qui danse,
Se succèderont dans une série de tableaux d’une beauté et d’une poésie époustouflante.
En soulignant par de simples lignes d’ampoules, éclairages très présents de Michel Leborgne, son long tissus déployé depuis les cintres jusqu’au plateau pour former deux plis : pente qui se dévale, où monticule d’où les monstres surgissent,
Avec ses cadres de velours noir de différentes tailles dans lesquels les personnages se dessinent et les lustres en couronnes qui suffisent à suggérer des palais,
Avec ses jeux de lumières qui transforment le fond de plateau,
Ses sculptures douées de paroles, simples silhouettes en carton découpé couleur grisaille,
La féérie, la magie et l’imaginaire se déploieront pour notre plus grand bonheur,
La comédie aussi, admirablement servie par l’ensemble des interprètes,
Laurent Pelly nous livre un de ses plus beaux spectacles.
Bain de fraicheur,
Magie envoutante,
Un éblouissement permanent.
En cette fin de saison,
Un bonheur qu’on ne saurait manquer