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«L’Impresario de Smyrne», scènes de la vie d’Opéra, de Carlo Goldoni, mise en scène et scénographie de Laurent Pelly, avec Natalie Dessay,  traduction et adaptation d’Agathe Malinand, au Théâtre de l’Athénée jusqu’au 5 mai.

29/4/2024

1 Commentaire

 
Pas une fausse note. ​
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Crédits photo : Dominique Breda
Sur le devant de scène un cadre géant basculé, un plateau en dévers, une grande voile tendue clôt le décor ravissant, volontairement «bancal», de cette trépidante intrigue vénitienne. 
Elle nous entraîne dans les mésaventures de chanteurs d’opéra. 
Tous partagent l’excitation d’un projet mirifique: partir à Smyrne, engagés par un Turc désireux d’y fonder le premier Opéra italien. 
 
Trois divas, un castrat, un ténor, un poète sans talent prennent vie sous le regard expert, bienveillant et lucide de Goldoni. Un jeune comte oisif, un impresario salvateur et honni à la fois, et le marchand turc viennent compléter cette galerie de personnage, tendres caricatures, toutes irrésistiblement comiques. 
La truculence, l’alacrité animent avec esprit et légèreté les dialogues révélateurs. 
On s’invective, s’interpelle, se toise, se pavane et minaude mais toujours avec grâce. Les égos sont tous surdimensionnés, les rivalités impitoyables, l’ âpreté caractérise les discussions de contrats, les fausses réconciliations s’affichent sans pudeur. 
 
En Tognina, diva vieillissante, Natalie Dessay, remarquable, affirme l’autorité insupportable d’une artiste d’expérience, fait des scènes de jalousie à son ténor d’amant, ne supporte pas les chanteuses plus jeunes qu’elle. 
Charmante, sa rivale Annina, la talentueuse Julie Mossay, prétend à juste titre au rôle de Prima donna. 
C’est sans compter sur la dernière arrivée à Venise, Lucrezia, Jeanne Piponnier rouée à souhait. Ambitieuse, sa redoutable habilité parvient à dissimuler à tous sa totale inaptitude au chant. 
Jamais à bout d’arguments, les trois femmes s’écharperont allègrement avant d'être chacune persuadée par les fallacieuses promesses du comte, dans un savoureux jeu de dupes, d'avoir obtenu le premier rôle. 
  ​
Image
Crédits photo : Dominique Breda
Chez les messieurs, Thomas Condemine, le castrat joue parfaitement de ses poignets volantés,  campe fièrement sur ses chaussures à talons et à nœuds, cependant aux abois pressé par ses besoins d’argent et la faim qui le tenaille. 
Damien Bigourdan, le ténor amant volage et viril, sanglé dans sa veste ornée de fourrure, nous fait encore la démonstration de ses talents vocaux. 
Servile par nécessité, cible de toutes les rebuffades,  le pauvre poète bossu et sans talent, Antoine Minne, s’accroche désespéramment à la troupe. 
Jouant avec superbe de sa cape le comte, Cyril Collet ami des chanteurs affiche son insolence aristocratique, quant au turc et à l’impresario, Eddy Letessier, il se montre tour à tour très entreprenant avec les dames et un imprésario bien agité. 
Intelligemment  modernisé, le style de l’époque n’est pas moins fidèlement reconstitué.   
Le visage passé au blanc de céruse, tous sont en noir. Superbes, les costumes XVIIIE stylisés habillent ces dames de longues robes à jupes bouffantes et haut corseté à fines bretelles. 
 
Jouée avec un ensemble remarquable, dirigé avec un très sur sens du rythme par un Laurent Pelly à son meilleur ,
 
ridicules, quiproquos, tromperies, vanités et prétentions n’en révèlent pas moins la fragilité et la précarité de ces existences. 
 
Abandonnée à quai par le turc découragé et déjà au loin 
La troupe pourra, à l’initiative du comte, se servir du dédit qui financera un ...nouvel opéra : «Entreprise laborieuse, le plus souvent ruineuse» 
   
Quand la mesure et la justesse s’accordent,   
Quand l’élégance rivalise avec le comique, 
Triomphe le théâtre. 
Vite courez sous les dorures de l’Athénée 
La soirée vous «enchantera».  
1 Commentaire
Edith
30/4/2024 08:57:43 am

Merci Lulu pour cette chronique qui relate parfaitement ce spectacle, où vanité, jalousie, dérision font bon ménage. Un trio musical baroque accompagne, les chanteurs avec vivacité.

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