Le mélodrame larmoyant,
Les poncifs sentimentaux,
Le sujet «inclusif»,
Les lieux communs accumulés,
Bref un festival de bien-pensance obligée.
Cette «Hirondelle» dément toute réserve,
Fait voler en éclats préjugés, à priori, idées préconçues.
Des mérites qu’il faut attribuer en priorité à l’auteur Guillem Clua,
Autant qu’à l’interprétation de Carmen Maura, véritablement exceptionnelle.
Grégory Baquet lui fait face avec probité,
Fluide, la mise en scène d’Anne Bouvier est au service de l’auteur et de ses interprètes.
Abordant un sujet tragique, la disparition brutale et «accidentelle» d’êtres chers,
L’action débute dans le salon d’une grande professeur de musique qui donne une leçon de chant à un élève peu doué.
Il prétend se préparer à la célébration de la mort brutale de sa mère dans un accident.
Elle refuse de perdre son temps, mais le jeune homme reconnaît sur un rayonnage de la bibliothèque la photo d’un de ses camarades de classe faisant partie de sa chorale.
Ainsi se noue une conversation plus intime entre ces deux personnages.
Souvenir d’un très proche camarade de classe pour lui.
Pour elle, l’enfant et l’adolescent auquel elle vouait un amour sans limite.
Dans une progression admirablement maîtrisée, par petites touches, avec une rare authenticité, ces échanges évoluent au fil de la conversation entre la professeur et son élève.
Débuté par de banals souvenirs se développe, dans une progression sans faille,
toujours plus tragique et bouleversante, le récit des circonstances exactes cette mort.
Sanglant assassinat dans un attentat homophobe.
Voilà deux êtres fracassés de douleur, blessures béantes, souffrance à vif.
Ils s’affronteront, s’opposeront, se justifieront en fonction de leur «rôle» respectif.
Elle, en mère aveugle sur l’homosexualité de son fils,
Lui, son grand amour secret enfin révélé.
Autant d’épreuves, de dissensions qu’ils parviendront à surmonter.
Plus fort que tout, l’amour finira par les réunir.
Apaisés, leur cour de chant pourra reprendre.
Bouleversant, d’une subtilité jouant sur une palette d’infinies nuances, Carmen Saura, créatrice du rôle en Espagne, campe une mère qui vous arrache le coeur. Elle conjugue à la défense sauvage une fragilité déchirante. Pour son retour sur les planches parisiennes, elle nous offre un bouleversant moment de théâtre. Son interprétation tout en finesse, en présence, en humanité, révèle et confirme sur scène un talent hors du commun .
Véhément, dépassant sa propre souffrance pour aborder le problème de la reconnaissance et de la dignité des Gays, Grégory Baquet se montre convaincant.