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L’Heureux Stratagème de Marivaux, mise en scène de Ladislas Chollat, avec Sylvie Testud, Suzanne Clément, Eric Elmosnino, Jérôme Robart, Roxane Duran, Simon Thomas, Florent Hill, Jean-Yves Roan au Théâtre Edouard VII jusqu’au 5 janvier 2020.

17/11/2019

1 Commentaire

 
Entre Guitry et Pagnol.
​Déjà la saison dernière à la Comédie Française, salle du Vieux Colombier, Emmanuel Daumas, assoiffé de modernisme,  « pimentait » de refrains anglais sa mise en scène transposée sur un ring blanc cru.  La Comtesse, perdant toute réserve, de rage se roulait par terre face à une Marquise plus acide que le vinaigre.
Portés par les comédiens du Français, la langue de Marivaux résistait cependant . Effets comiques, accents tragiques perceptibles toujours. (Lulu de novembre 2018).
 
En cette rentrée, pas de chômage pour Ladislas Chollat. En plus de sa mise en scène de « La Souricière » d’Agatha Christie à La Pépinière ( Lulu d’octobre 2019), il signe une nouvelle version de « L’Heureux Stratagème »avec Sylvie Testud dans le rôle de la Comtesse.
 
Pour Lulu un retour attendu. Admirée au théâtre en  2007 dans « Biographie sans Antoinette » de Max Frish, ou en 2009 dans « Casimir et Caroline » d’Odön von Horvath, la comédienne excellait sur les planches comme à l’écran.
Un imparfait qui s’impose ici.
 
Entre romantisme nostalgique, ou jardin de campagne, le décor d’Emmanuelle Roy crée une atmosphère improbable, baignée de lumière sourde, dans laquelle s’agite force domesticité vêtus en valet, soubrette, chauffeur en livrée de vaudeville. Leurs maîtres, patrons plutôt, portent des robes grand soir des années vingt pour les dames, et smoking ou costumes de ville pour les messieurs.
On se croit chez Guitry.
Nous ne serons guère détrompés.
Ce beau monde, souvent un verre à la main, évolue entre de petites tables dressées pour un dîner bucolique, éclairé aux chandelles.
Intimement mêlé à leur vie privée, le personnel, intrigue ou subit les caprices de chacun.
Comme dans le vaudeville, cela ne leur interdit pas de les imiter, d’en souffrir, de s’en moquer.
 
La Comtesse, jolie femme, sure d’elle, a pour passe- temps favori l’exercice de son pouvoir de séduction.
Un privilège qu’elle affirme exercer au même titre que la gent masculine.
Econduit, son amoureux va accepter le stratagème de la Marquise . Elle, souffre de l’abandon du prétentieux Chevalier Damis , nouveau soupirant de la versatile comtesse.
 
Intrigues, rivalités, jalousies, dépits vont conduire chacun à rivaliser d’artifices : le miroir incliné au-dessus du plateau en constitue le reflet…
 
Penaud comme un chien battu, docile et passif, le Dorante d’Eric Elmonisno, ne saurait incarner le véritable amour de la comtesse. Pleurnichard, pleutre, soumis et complice résigné du stratagème de la madrée marquise, ne peut être l’objet des feux de la Comtesse.
 
Convaincue de sa supériorité, la Comtesse de Sylvie Testud se laisse vite aller à ses humeurs quand survient l’adversité.
Gesticulant, nerveuse, elle s’agace, s’impatiente, s’agite, tout en extériorité rageuse, en avale une partie des ses répliques à l’approche du dénouement. Dans son jeu sans arrière-plan, rien de nuancé. Du boulevard au premier degré qui ne dit pas son nom. Une comtesse bourgeoisement rétrécie.
Quant aux rodomontades du Chevalier Damis, nous voilà sur la Cannebière, dans l’univers de Pagnol.
Vêtu d’un costume blanc de rastaquouère, notre gascon, oublieux de ses origines, opte pour un accent marseillais à peine appuyé. Des galéjades pour les gasconnades. Jérôme Robert en rajoute.
On demande grâce.
 
A Suzanne Clément on ne saurait chercher querelle. Sa marquise est banalement juste, sans éclat.
Pauvre Jean-Yves Roan. Imiter l’accent du terroir, le parler paysan demande un savoir-faire qui lui fait totalement défaut. Incompréhensible, son Blaise le père de Lisette promise à Arlequin ,
réduit à néant tout le comique de ce personnage, simple, entêté, bourru, si drôle habituellement.
 
Les valets, Simon Thomas en Arlequin et Florent Hill en Frontin forment, avec la très habile et piquante Lisette de Roxane Duran, le trio consolateur de cette distribution desservie par la direction d’acteurs.
Très sollicité depuis des années inutile de présenter Ladislas Chollat.
On lui doit d’excellents spectacles, par exemple Les Cartes du Pouvoir ou Le Père de Florian Zeller.
Tous n’ont pas été des réussites.
Celui-ci, comme La Souricière, sont hélas à classer dans cette catégorie.
 
Rien ne subsiste de l’infini subtilité de Marivaux.
Ici point d’esprit, mais des humeurs.
Intermittences du coeur, travestissement des sentiments, rivalités assassines, tourments de l’amour,
ici réduits à néant.
 
Analysée au prisme du théâtre de boulevard,
disparaît jusqu’à la langue de l’auteur, soudain inaudible.
 
Mutilé, dénaturé, abâtardi, Marivaux en ressort tragiquement amoindri.
Le théâtre privé n’en ressort pas grandi.
Pitoyable confusion des genres.
Foin de cet éblouissant esprit.
Indigne ersatz qui n’élève pas son public.
1 Commentaire
Anne
21/11/2019 11:15:54 am

Je partage mot pour mot cet avis de Lulu. Un spectacle médiocre et vulgaire.

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