Donne au jeu des comédiens toute son intensité,
Fait entendre le texte dans ses moindres nuances.
Rien à reprocher aux comédiens :
Patrick Catalifo, Blason, et Lionel Abelanski, Laheu, forment un parfait « duo » pour incarner ces voisins et amis que les circonstances conduiront à se déchirer. L’un comme l’autre sont les interprètes aussi forts que convaincants de ces deux hommes, le premier veuf, vivant avec sa fille, le second demeuré seul avec son fils après le départ de son épouse.
Du coté des jeunes, Alice Berger, Alice, possède déjà une belle présence en scène, à ses côtés, Loïc Mobihan, apparait aussi étrange que l’exige son personnage d’enfant fragile.
Rien à reprocher à la scénographie de Gérard Didieret Ophélie Mettais-Cartier. Réduites à une étroite façade blanche percée d’une ouverture, leurs maisons sont plutôt des guérites soulignant l’étroitesse des univers décrits par l’auteur, microcosme familial et social.
Michel Vinaver, auteur vivant et reconnu, n’a eu de cesse de dénoncer dans son oeuvre les méfaits de la « grande » et « petite » histoire. Qu’il dénonce la torture pendant la guerre d’Algérie avec « Les Huissiers », ou le monde de l’entreprise en tant qu’ancien Président de Gilette dans « Par-dessus bord » cet infatigable pourfendeur des injustices, aborde dans cette pièce ancienne, l’évolution d’un profond sentiment d’amitié entre deux familles voisines.
Complices, bien que de caractères très différents, affichant une grande solidarité dans les épreuves, heureux de l’amour entre leurs enfant, ces Pères verront soudain leurs rapports se métamorphoser radicalement.
Du jour où disparait le trésor de Blason, dont seul Laheu connaissait la cachette construite de ses mains, les deux amis se poursuivront sans répit d’une haine dévastatrice. Les soupçons engendreront coups bas, trahisons, dénonciations, lâchetés en tout genre.
Témoins étrangers de ces turpitudes, les enfants sauront préserver leur amour, poursuivre leurs rêves.
Un dénouement un peu facile verra la situation à nouveau basculer, et l’ « innocent » sacrifié.
Tout semble concourir à la réussite de ce spectacle
Mais il nous en reste un arrière- goût de déception.
La bienveillance de l’auteur envers ses personnages, ses analyses fines de leurs sentiments, attitudes et réactions, la maîtrise dans la construction de l’intrigue, ne nous sauvent pas du côté « engagé aux bons sentiments » de Vinaver, à la fois daté et sans mordant.
D’ailleurs Vinaver se qualifie lui-même de « coelacante » : un poisson que l’on a cru disparu et qui existe encore.