Cheveux poisseux retombant sur le visage, regard d’halluciné, recroquevillé dans un coin du plateau ou debout immobile face au public, déchirant ses feuilles de papier ou les froissant nerveusement, regard fixe, fiévreux, grimaçant, convulsif, ricanant, c’est l’image outrée d’un dément qui s’anime sous nos yeux.
Et ce dément nous décrirait déjà avec tant de lucidité ses souffrances au collège, sa révolte contre la bêtise ; définirait avec une telle finesse toute la difficulté d’écrire, de représenter la réalité avec des mots, affirmerait son exigence : « je voudrais le beau et le sublime et je ne trouve que le doute » ? Ce même dément nous donnerait déjà l’ébauche de l’ « Education sentimentale » ?
Si le Flaubert de dix-sept ans nous parle bien d’ « une exaltation de cerveau voisine de la folie », je la perçois comme les vertiges d’une grande jeunesse, les brulantes douleurs d’un écorché vif, les cruelles morsures d’un amour impossible, et la révolte face à la sottise, à la cupidité du monde, mais jamais celle d’un homme privé de raison.
L’auteur souffrait du « haut mal » mais nulle trace de folie dans son œuvre.
La mise en scène de Sterenn Guirriec transforme cet être souffrant en caricature vivante, se servant du personnage pour forcer le trait jusqu’à grotesque.
Zébrures lumineuses balayant le décor, musique lancinante, grondements menaçants en amplifient la résonnance.
Après ses interprétations tant admirées la saison dernière dans « Pascal-Descartes » et « Hamlet », (Lulu d’Or, se reporte à la chronique de rentrée ) voir Pascal Mesguisch si mal dirigé ne rend la déception que plus amère.