Un flic qui refuse d’arrêter une meurtrière
Une meurtrière qui veut être emprisonnée.
A l’époque l’enquête avait conclu au suicide de la victime.
Dix années sont passées, à la veille de la prescription, cette femme avoue son crime, exige d’être emprisonnée.
Mais le récit des faits évoqués par la meurtrière convainc rapidement l’inspecteur que la femme, ainsi que ses trois enfants sont, de fait, les véritables victimes du drame.
Cet homme las, en fin d’une longue carrière dans la police, vécue sans véritable vocation, a été confronté à tant d’effroyables assassins, ressenti si souvent les dangers et l’inutilité de sa lutte contre la délinquance, qu’il tentera par tous les moyens d’épargner à cette malheureuse la peine de prison encourue.
Sarcastique au début, il la félicite du crime parfait, tente de la raisonner : «Il faut réfléchir, ne nous emballons pas»
Persévérant, tenace, il évoque tous les prétextes, use de tous les stratagèmes, recourt à tous les moyens dont il dispose pour la détourner de son but.
« Je ne vous arrêterai jamais » déclare-t-il »
Elle, s’entête, persiste, inébranlable, et affirme, au cours de cette longue nuit :
« Il faut bien finir par dire la vérité »
Dans sa confession, cet être simple dévoilera une personnalité fine, sensible, attentive aux autres dans sa profession de facteur, et même dotée d’un sens artistique. Sa vie d’épouse ne lui aura épargné ni les coups du mari, ni, plus tard la cruauté de ses enfants.
Rugueux et ne mâchant pas ses mots, le commissaire révèle une surprenante personnalité : fin et cultivé, allant jusqu’à nous faire découvrir son étonnante connaissance de la poésie dans une évocation enflammée du destin tragique de Robert Desnos pour convaincre son « inculpée » en puissance.
Inversion des rôles, surprenant face à face,
Un flic écorché au grand cœur,
Une criminelle s’accablant en vain.
Merveilleux interprète maintes fois célébré dans ces chroniques, de « L’ouest solitaire » à « Inconnu à cette adresse » sans même remonter jusqu’à « l’Hiver sous la table », Dominique Pinon confère toute sa délicatesse bourrue, sa singularité, sa personnalité marquante à son étonnant personnage.
Florence Loiret- Caille, jeune comédienne que je découvrais à cette occasion, ne manque pas de justesse. Elle manifeste bien sa détermination de victime face à un destin sacrifié, avec comme seul geste de révolte, ce moment fatal provoqué. Quelques nuances dans son interprétation viendront peut-être au cours des futures représentations.
Tiré du livre de Jean Teulé, inspiré d’une histoire vraie, « Les lois de la gravité » ont été adaptées pour la scène.
L’exercice n’est pas totalement concluant.
La forme romanesque demeure trop perceptible. Les dialogues souvent trop longs font entendre davantage un récit que des répliques, composantes inhérentes, indispensables à tout texte dramatique.
L’histoire n’en est pas moins touchante.